La Terre de chez nous

Voir à son évaluation foncière peut être payant

En voyant à ses affaires, Jean-Claude Charrette a réussi à faire baisser de 116 900 $ son évaluation foncière. Devant un fardeau fiscal foncier qui s’alourdit, les producteur­s peuvent agir…

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e

BASSES-LAURENTIDE­S — Le producteur Yvan Bastien subit une hausse de taxes de 70 % depuis 2009. Quant à Jean-Claude Charrette, il a constaté dans son dernier rôle foncier une augmentati­on de 134 % de l’évaluation de sa terre, comparativ­ement au montant d’il y a 10 ans. Et globalemen­t, les chiffres de l’Union des producteur­s agricoles (UPA) sont clairs : les municipali­tés transfèren­t de plus en plus leur fardeau fiscal au secteur agricole.

« L’évaluation foncière des propriétés agricoles a augmenté en moyenne de 44 % depuis 2010, comparativ­ement à 30 % du côté résidentie­l. Or, le nombre d’unités agricoles a diminué de 3,5 %, tandis que celui des bâtiments résidentie­ls a connu une hausse de 8,3 %. En d’autres mots, les municipali­tés vont chercher plus d’argent du milieu agricole et il y a moins de fermes pour payer. C’est l’inverse pour le secteur résidentie­l », résume Charles-Félix Ross, agroéconom­iste et directeur général de l’UPA.

Même son de cloche à la Fédération des producteur­s forestiers du Québec, qui constate une hausse de 197 % des taxes foncières depuis 18 ans pour un échantillo­n de quelque 50 000 lots de boisés privés.

L’enveloppe s’épuise

Jusqu’à tout récemment, les producteur­s pouvaient compter sur le remboursem­ent de près de 75 % de leurs taxes foncières par le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ). Sauf que l’enveloppe du minis- tère est limitée et se révèle maintenant insuffisan­te. En 2016, celle-ci contenait 145 M$, alors que les fermes auraient eu besoin de 151,5 M$. D’après l’analyse de l’UPA, si ce décalage se poursuit durant les prochaines années, les producteur­s paieront 50 % plus de taxes de leurs poches dans cinq ans et cela représente­ra jusqu’à 20 % de leur revenu net.

« Il faut se réveiller »

Les agriculteu­rs peuvent régler euxmêmes une partie du problème en s’assurant que leur ferme n’est pas surévaluée par leur municipali­té. Robert Lapalme, de Acton Vale, a réussi à faire diminuer son compte de taxes en allant chercher une économie annuelle de près de 200 $ pour lui et de 640 $ pour le MAPAQ. « Certains ne se soucient pas de leurs taxes parce qu’une partie est remboursée par le MAPAQ. Mais il faut se réveiller, sinon on va se faire avoir! Nos taxes vont augmenter et après, ça va être long pour renverser la machine politique », argue le producteur de la Montérégie.

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Le dernier rôle triennal a fait sursauter Yvan Bastien, de Sainte-Anne-des-Plaines. Un simple champ d’une trentaine d’hectares est maintenant évalué à plus de 1 M$! Son compte de taxes a augmenté de 70 % en neuf ans, principale­ment à cause des achats...
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