La Terre de chez nous

Amende pour du faux poulet bio

- MARTIN MÉNARD mmenard@laterre.ca

La Cour du Québec a récemment rendu le premier jugement condamnant des agriculteu­rs d’avoir vendu un produit d’élevage en utilisant illégaleme­nt le terme « biologique ».

Le juge Yannick Couture a déclaré coupables les agriculteu­rs Michel, Ghislain et Patricia Thériault d’avoir employé les termes « bio » et « biologique », une appellatio­n réservée, sur sept produits distincts sans qu’ils ne soient certifiés par un organisme accrédité. Le jugement a été rendu le 26 septembre dernier.

Le juge a notamment justifié sa décision par le fait que Poulet Fermier, propriété des Thériault, a mis fin à sa certificat­ion biologique le 27 mai 2013. Ces derniers étaient donc pleinement conscients que la mention « biologique » ne pouvait désormais être utilisée de quelconque façon.

Coupables

Les producteur­s ont été accusés d’avoir continué à employer les termes « bio » et « biologique » plus d’un an et demi plus tard, soit jusqu’en octobre 2014, et ce, malgré les demandes de correction de l’inspectric­e du Conseil des appellatio­ns réservées et des termes valorisant­s (CARTV).

Les Thériault en étaient à leur première infraction et dans ce cas, la loi prévoit une amende de 2 000 $ à 20 000 $ par constat. L’avocate du CARTV réclamait une amende dissuasive de 3 000 $ par chef d’accusation, c’est-à-dire 50 % plus élevée que l’amende minimale. Elle arguait que les contrevena­nts ont retiré des avantages financiers en vendant leurs produits comme étant biologique­s, donc plus chers, pendant une longue période.

Le juge s’est montré d’accord avec le principe, mais s’est limité à une amende de 2 000 $ par chef d’accusation. Pour les sept chefs retenus, le montant total atteint donc 14 000 $ par personne, soit 42 000 $ plus les frais pour l’ensemble de la famille. « On n’est pas face à une compagnie […], mais à une famille. L’aspect dissuasif est largement rencontré de ce fait- là », a commenté le juge au moment de sa décision. Les Thériault ont été jugés non coupables de neuf autres chefs.

Clé dans la porte

En entrevue à La Terre, Michel Thériault a dit avoir vécu un moment très difficile à cause des procédures judiciaire­s. « Je ne souhaite pas ça à personne [d’être accusé ainsi]. Ils mettent en jeu ton intégrité. Tu passes pour un bon à rien. Même mes parents ont été impliqués. Ça laisse des traces. C’est cruel », confie-t-il. Il ne met pas en doute l’importance de respecter la loi, mais il soutient que les accusation­s initiales et l’amende qu’ils auraient pu devoir payer étaient excessives. « On n’avait pas le choix de se battre. Mais que tu te défendes ou pas, tu perds tes oreilles », ajoute-t-il. Les frais d’avocat et les pertes de revenus l’ont contraint à « mettre la clé dans la porte » de Poulet Fermier, ce qui a aussi causé des pertes financière­s à certains fournisseu­rs.

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Les producteur­s fautifs ont utilisé la mention « biologique » alors qu’ils n’étaient plus certifiés.

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