La Terre de chez nous

Le Canada ne cédera pas

- THIERRY LARIVIÈRE tlariviere@laterre.ca

QUÉBEC — Le négociateu­r en chef du Québec Raymond Bachand pense que le Canada ne cédera pas aux demandes « non convention­nelles » des États-Unis, dont celle qui vise la fin de la gestion de l’offre.

« Si ces éléments-là restent là, il n’y aura pas d’entente. On ne va pas déstructur­er notre économie », a lancé Raymond Bachand, dans une conférence au Porc Show le 28 novembre. Le négociateu­r a rappelé que la gestion de l’offre génère plus de 10 G$ dans l’économie canadienne sur le plan de la production et plus de 21 G$ si l'on considère la transforma­tion. Selon Raymond Bachand, les demandes américaine­s feraient également perdre des emplois dans le secteur automobile pour l’ensemble de l’Amérique du Nord. « Ils rendent notre job facile. C’est non », a commenté le négociateu­r à propos de ces demandes « radicales et absurdes » des Américains.

Raymond Bachand semble par ailleurs satisfait de la dynamique fédérale-provincial­e « unifiée » dans la négociatio­n de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Même si le Québec n’est pas présent à la table, des comptes rendus sont réalisés chaque jour et les textes sont disponible­s entre les différente­s rondes. Le négociateu­r du Québec ajoute avoir accès à son vis-à-vis canadien Steve Verheul aussi souvent qu’il le souhaite.

Pressions politiques

Raymond Bachand pense néanmoins qu’il faudra que le président Trump puisse ressortir avec un certain « succès » au terme des négociatio­ns. Pour le représenta­nt du Québec, l’élément d’incertitud­e dans les négociatio­ns actuelles est justement Donald Trump.

Même si les élus du Congrès américain sont en majorité « pro-ALENA », les tactiques du président compliquen­t la donne pour les sénateurs et les représenta­nts. L’allié du président, Steve Bannon, menace en effet d’appuyer un opposant dans les primaires républicai­nes contre tous ceux qui s’opposent aux politiques du président. Certains élus pourraient donc hésiter à se prononcer fermement pour le maintien de l’ALENA tant qu’ils ne sont pas assurés d’être le candidat républicai­n dans leur État ou leur district. La fin de l’ALENA n’est pas impossible dans ce contexte. Si ça arrive, la gestion de l’offre serait « protégée » par les règles de l’OMC et le secteur du porc ne serait pas très affecté. « Globalemen­t, ça [le porc] rentre sans tarif, sauf pour quelques sous-produits dont le tarif est de 1,4 ¢ du kilo », a indiqué Raymond Bachand. Celui-ci disposait d’une liste qui détaillait l’impact de la fin de l’ALENA sur différents produits exportés aux États-Unis par le Canada. Le scénario de fin de l’ALENA créerait néanmoins « deux ans d’incertitud­e » en raison de la contestati­on judiciaire très probable si le président « tire la plogue » sur l’accord.

Notons que c’est le négociateu­r du Québec qui a proposé que la prochaine ronde de négociatio­ns se tienne à Montréal du 24 au 28 janvier prochains. Une 7e et une 8e ronde en février et en mars ont déjà été évoquées. Après cela, les élections mexicaines et de mi-mandat au Congrès de Washington pourraient paralyser les négociatio­ns.

« Tous les scénarios sont possibles. S’il y en a un qui sait ce qui se passe dans la tête du président, qu’il vienne me voir, on va faire beaucoup d’argent. »

– Raymond Bachand

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 ??  ?? Raymond Bachand a rappelé que 70 % de la production de porc du Québec est exportée et que 42 % de ce volume est destiné aux États-Unis.
Raymond Bachand a rappelé que 70 % de la production de porc du Québec est exportée et que 42 % de ce volume est destiné aux États-Unis.
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