8 dossiers pour 2018
Outre les traditionnels taux d’intérêt et de change, plusieurs éléments risquent d’influencer le secteur agricole au cours de l’année 2018.
1– Les relations canado-américaines
Après des débuts ardus, la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) reprendra le 23 janvier, à Montréal, pour une 6e ronde. À l’approche de l’élection présidentielle au Mexique, en juillet prochain, les pourparlers pourraient s’accélérer puisque l’actuel meneur dans les sondages, Andres Manuel López Obrador, déteste cordialement les États-Unis. « Les négociations concernant l’ALENA et le conflit du bois d’oeuvre sont toujours en cours, et l’issue des pourparlers suscite beaucoup d’incertitude pour l’évolution future du commerce extérieur et des investissements des entreprises », note le Mouvement Desjardins.
2– Le commerce mondial
Les discussions entourant le Partenariat transpacifique (PTP) sans les États-Unis, devenu l’accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), continueront en 2018. De son côté, le déploiement de l’accord de libre-échange avec l’Union européenne se poursuivra dans les mois à venir. Les producteurs de lait et les fromagers canadiens seront ainsi plus en mesure d’évaluer l’impact de l’arrivée de nouveaux fromages importés d’Europe. Quant aux productions exportatrices, elles tenteront de gagner plus de parts sur le VieuxContinent. Les forces du marché mondial risquent d’entraîner quelques remous cette année, mais le secteur canadien devrait être assez vigoureux pour les surmonter, résume Martha Roberts, spécialiste en recherche économique chez Financement agricole Canada (FAC).
3– La future politique bioalimentaire
D’une part, l’année qui débute devrait être celle du dévoilement de la Politique bioalimentaire québécoise du gouvernement libéral et du budget qui y sera alloué. D’autre part, les élections de cet automne pourraient changer le paysage politique. En octobre, à un an du vote, la Coalition avenir Québec (CAQ) menait dans les sondages. Devant les délégués du Congrès de l’Union des producteurs agricoles (UPA), le chef de la CAQ, François Legault, a dit « compter les dodos » jusqu’au scrutin.
4– Les dossiers politiques
En matière de politique, l’UPA a maintes fois interpellé le ministère de l’Agriculture du Québec sur les problèmes du Programme de crédit de taxes foncières agricoles. L’organisation a fait savoir qu’elle voulait régler rapidement ce dossier. La spéculation foncière et l’accaparement des terres devraient continuer à faire jaser. La Financière agricole du Québec a été mandatée pour étudier le modèle de l’un des grands acheteurs de terres, l’entreprise Pangea. Son rapport devrait être rendu public au cours des prochaines semaines.
5– La pénurie de main-d’oeuvre
En décembre dernier, le taux de chômage au Québec a atteint 4,9 %, son plus bas niveau depuis janvier 1976, révèle Statistique Canada. À l’échelle canadienne, seule la Colombie-Britannique affiche une meilleure performance. Cette vigueur de l’emploi risque d’intensifier le manque de travailleurs. L’indicateur des pressions sur la capacité de production et celui des pénuries de maind’oeuvre se sont inscrits en hausse, confirme la Banque du Canada. L’augmentation du salaire minimum à 14 $/heure en Ontario depuis le 1er janvier pourrait aussi influencer les mouvements de main-d’oeuvre.
6– La course aux programmes d’aide
Tout au long de l’année, les programmes d’investissement annoncés par les deux paliers de gouvernement poursuivront leur déploiement. À Ottawa, le Programme d’investissement pour fermes laitières (PIFL) a envoyé ses premières réponses cet automne. Les producteurs laitiers seront informés au cours des mois à venir de la prochaine fenêtre de réception des demandes pour le programme qui se termine en 2022, indique Agriculture et Agroalimentaire Canada. Au Québec, un autre programme géré sur la base du premier arrivé, premier servi, soit un montant de 95 M$ pour l’amélioration de l’efficacité énergétique des installations et la conformité aux normes de bien-être animal, a suscité un vif engouement. Il sera intéressant de surveiller sa mise en oeuvre tout au long de 2018.
7– La légalisation du cannabis
Le projet de loi sur la légalisation du cannabis a été adopté par la Chambre des communes à la fin novembre. Il doit maintenant recevoir l’aval du Sénat, ce qui pourrait poser certains problèmes. Néanmoins, Ottawa maintient toujours le cap du mois de juillet pour l’entrée en force de cette législation. Québec a également déposé son projet de loi constituant la Société québécoise du cannabis et édictant la Loi encadrant le cannabis. Les prochains mois permettront de mieux mesurer l’impact de cette nouvelle « culture », notamment dans la production en serres.
8– L’économie et les différents taux
De façon plus générale, les agriculteurs devront toujours surveiller la vigueur de l’économie, de la devise canadienne et les taux d’intérêt. Le 17 janvier, la Banque du Canada doit procéder à sa première annonce du taux directeur pour 2018 et au dévoilement du Rapport sur la politique monétaire. « En 2018, la valeur relativement basse du huard devrait favoriser la compétitivité des exportations canadiennes », prédit FAC.
« L’ALENA renégocié aura de profondes répercussions, qui dépasseront largement le cadre des taxes commerciales et des règles d’accès au marché […] » – Financement agricole Canada