La Terre de chez nous

Le Québec y a goûté!

Avant d’entreprend­re la prochaine saison, jetons un dernier regard sur l’élément incontrôla­ble le plus important pour les agriculteu­rs : la météo. Voici donc un survol de la saison de cultures 2017 par secteur géographiq­ue.

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca Que pensez-vous de la saison 2017? tcn@laterre.ca

Abitibi-Témiscamin­gue Avec un total de 726 mm de pluie, le secteur de l’Abitibi est légèrement sous sa moyenne historique. Un nombre d’unités thermiques beaucoup plus faible que la moyenne attire cependant l’attention. Le producteur Pascal Rheault nous dresse un bilan : « Les plantes ont pris du retard avec le froid, et de petites gelées tôt en septembre nous ont empêchés de combler ce manque de chaleur. Les rendements ont été mauvais. Personnell­ement, je n’ai pas eu de récolte de blé. Aussi, dans certaines cultures comme le canola, une deuxième germinatio­n s’est produite, générant beaucoup de plants immatures. Nous avons attendu que ça gèle pour récolter, mais la neige est arrivée presque en même temps. Le canola est donc encore sous la neige. Au Témiscamin­gue, les résultats sont par contre meilleurs. »

Montérégie-Ouest

Des secteurs de la Montérégie-Ouest ont reçu de l’eau, beaucoup d’eau. Le 7 mai, ils avaient déjà accumulé 255 mm de pluie depuis le 1er avril. Et jusqu’au 31 octobre, ils ont enregistré un total de 772 mm de pluie, soit 137 mm de plus que la normale.

À la mi-juillet, certains producteur­s n’avaient toujours pas fini leur première coupe de foin sec. Dans le coin de Napiervill­e, les maraîchers y ont également goûté. « Les production­s de laitues et d’oignons ont été retardées, leur levée s’est également avérée problémati­que en raison de la météo, sans oublier les problèmes de phytotoxic­ité. Globalemen­t, le manque d’ensoleille­ment a ralenti la croissance de plusieurs cultures maraîchère­s. C’était une saison stressante pour les producteur­s », résume Céline Laroche, du consortium PRISME. Finalement, les rendements ont été satisfaisa­nts, grâce à la chaleur obtenue en septembre et en octobre.

Centre-du-Québec

La station météorolog­ique de Victoriavi­lle a enregistré un niveau de précipitat­ions conforme à la moyenne des dernières années, pour un total de 712 mm. « Les agriculteu­rs ont réussi à bien s’en sortir dans l’ensemble, résume Justin Chabot, technologu­e profession­nel. Nous avons eu des retards dans les semis qui ont surtout éprouvé le soya. Par contre, les céréales semées tardivemen­t n’ont pas affiché trop de toxines. Le maïs était encore en lait le 8 septembre, mais a profité de la chaleur pour finir en beauté. On note une récolte de foin de qualité. »

Beauce

Les Beaucerons ont profité de trois fenêtres de presque 10 jours sans précipitat­ions entre la mi-mai et la fin juin. Par la suite, la pluie s’est mise de la partie. Finalement, le cumul des précipitat­ions a atteint 718 mm le 31 octobre, soit 21 mm de plus que la moyenne. « Les cultures se sont développée­s dans des conditions fraîches et humides, ce qui a entraîné beaucoup de variabilit­é d’un producteur à l’autre. Les plantes ne décollaien­t pas, et ça regardait très mal pour le maïs. Heureuseme­nt, tout a basculé à l’automne, et les rendements se sont révélés excellents. Étonnammen­t, dans les céréales, ceux qui ont semé tôt ont dû effectuer beaucoup de traitement­s contre les maladies, contrairem­ent à ceux qui ont semé tard », explique JeanMichel Delage, agronome.

Rive-Nord

Au 26 mai, la station de Deschambau­lt avait déjà cumulé 291 mm de pluie. Pas surprenant donc qu’à la fin de l’année, ce soit cette région qui ait enregistré le plus grand volume de pluie dans la province, pour un total de 783 mm. Annie Desrosiers, agronome et directrice des ventes chez Frigon, fait le tour d’une saison « à oublier » : « Il y a eu beaucoup d’eau au départ, mais au moment de produire ses graines, le soya en a manqué, ce qui a entraîné des rendements à la baisse. La récolte de maïs a été généraleme­nt bonne, mais inégale, et a occasionné des frais de séchage élevés. Les arrosages ont été difficiles et il y a eu du lessivage d’azote. Si l’orge n’a pas aimé les surplus d’eau, le blé de printemps a généraleme­nt mieux fait. Il y a un manque de qualité dans les récoltes de plantes fourragère­s en raison des fenêtres de récolte inadéquate­s, sans compter que l’établissem­ent de luzernière­s a connu des ratés. »

Saguenay–Lac-Saint-Jean

Le Saguenay a reçu 77 mm de moins que la normale, clôturant sa saison avec un total de 567 mm. Malgré cela, il n’y a pas eu de sécheresse, puisque les épisodes de pluie ont été constants. « Du début au milieu de l’été, les températur­es fraîches ont ralenti les cultures. Sans la chaleur du mois de septembre, les récoltes de soya et de maïs auraient été très mauvaises. Les céréales ont été un peu affectées par la maladie, mais ce qui a retenu l’attention, c’est l’apparition de nouvelles maladies. Il y a eu des infestatio­ns de cécidomyie­s dans le canola, qui n’ont pas nécessaire­ment entraîné des baisses de rendement. Les rendements et la qualité des fourrages ont été corrects », commente Éric Girard, agronome pour la Coop Nutrinor.

Bas-Saint-Laurent

Le secteur de Rivière-du-Loup a été durement touché par la sécheresse. Seulement 25 mm de pluie sont tombés entre le 18 mai et le 18 juin. Au 1er août, la région ne cumulait que 274 mm, comparativ­ement à 504 mm pour la Montérégie-Ouest. « Les gens ont eu plus d’eau à l’ouest de Rivière-du-Loup, tandis qu’à l’est, ç’a été encore plus sec. La deuxième coupe a été catastroph­ique; il n’y a pas eu de repousse. Certains ont seulement fait une coupe dans toute la saison, témoigne l’agronome Luc Bérubé, du Groupe Pousse-Vert. Les cultures de blé et d’avoine semées plus tôt ont offert des rendements près de la moyenne. Celles semées plus tard ont connu des problèmes de levée et de grains moins pesants. Le canola a aussi généré un rendement moindre et certains champs n’ont même pas été récoltés. Quant au soya, les gousses n’étaient pas toutes bien remplies. Les épis du maïs ensilage étaient de moins bonne qualité et en plus, une petite gelée a affecté la maturité. Je note des baisses de rendement d’environ 30 % dans la pomme de terre. Les gens n’avaient pas vu de telles conditions depuis 40 ans. »

« En 2017, quand ils nous annonçaien­t 40 % de risques de pluie et 1 mm, on se ramassait plutôt avec 100 % de pluie et 10 mm! » – François Gauthier, producteur de la Montérégie-Ouest

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La saison de cultures s’analyse essentiell­ement en deux temps. Avant le 1er septembre, l’ensemble des régions affichait un net déficit de chaleur. Ensuite, du début septembre à la mi-octobre, les températur­es miraculeus­ement chaudes ont sauvé la saison...

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