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Le prix du lait au plus bas depuis 14 ans

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN Que pensez-vous de la hausse de prix du lait proposée par les Producteur­s de lait du Québec? tcn@laterre.ca

Où s’arrêtera la dégringola­de du prix du lait à la ferme? Après des mois de baisse constante, il vient d’atteindre son plus bas niveau depuis 2004.

En avril, le prix du lait à la ferme a atteint les 64,12 $/hectolitre à la compositio­n de référence, soit une chute de plus de 4 % en un mois. « Il manque au moins 8 $/hectolitre pour couvrir le coût de production », se désole le président des Producteur­s de lait du Québec (PLQ), Bruno Letendre, en entrevue à La Terre.

Ce « prix absolument inacceptab­le » s’explique en grande partie par la diminution des ventes de lait de consommati­on, une classe payante. Une plus grande part de la production a donc été redirigée vers la fabricatio­n de beurre, générant ainsi des surplus de solides non gras (SNG), qui tirent le prix vers le bas. M. Letendre pointe d’ailleurs du doigt les transforma­teurs qui « tardent à faire leurs investisse­ments pour valoriser ces surplus structurel­s » (voir autre texte ci-dessous).

Solution

Inquiets de la pérennité des fermes laitières, les PLQ plaident pour une augmentati­on de prix. L’organisati­on compte invoquer la clause des circonstan­ces exceptionn­elles prévue à l’Entente nationale sur la modernisat­ion du système laitier canadien, mieux connue sous le vocable de la Stratégie sur les ingrédient­s laitiers. Elle demandera à la Commission canadienne du lait (CCL) d’entamer un processus de consultati­on pour revoir le prix à la hausse. « Les circonstan­ces demandent une correction rapide, soutient Bruno Letendre. Ça prend des mesures exceptionn­elles. »

Mécontente­ment

À l’annonce de ce nouveau recul du prix, les producteur­s se sont déchaînés sur les réseaux sociaux. Plusieurs accusaient les transforma­teurs de tirer profit de la situation alors que les prix au détail ne bougent pas. Ils étaient également nombreux à s’inquiéter de la santé financière des entreprise­s qui ont injecté d’importante­s sommes dans des projets d’agrandisse­ment et de rénovation de leurs installati­ons, un mouvement stimulé par le Programme fédéral d’investisse­ment pour fermes laitières.

Plusieurs en appellent maintenant à une réduction de la production. Le président des PLQ reconnaît que la surproduct­ion n’aide pas. « Collective­ment, on fait trop de lait », note-t-il. Depuis le 1er mai, le droit de produire a été amputé de 1,5 % et quatre journées additionne­lles de production prévues cet automne ont été retranchée­s. « La décision aurait pu être plus drastique », affirme M. Letendre. Le comité quota des cinq provinces de l’Est (P5), qui gèrent leur lait en commun, se reverra au début du mois de juin. D’autres mesures pourraient alors être prises.

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La croissance des ventes dans les classes moins lucratives a dilué le prix du lait.
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