La Terre de chez nous

L’ agricultur­e, terre d’accueil

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca @MyriamLapl­anteE

Des producteur­s agricoles ouvrent leurs portes aux nouveaux arrivants, qui voient en eux bien plus que de simples employeurs.

Henri-Joël Akaffou, Dinesh Darjee et Felipe Peña sont unanimes. Leur intégratio­n et celle de leur famille à la société québécoise n’auraient pas été les mêmes s’ils n’avaient pas décidé de travailler dans une ferme. Cependant, force est de constater que les communauté­s rurales de la Belle Province manquent de moyens pour épauler les immigrants.

HEMMINGFOR­D — « Quand je suis arrivé [au Québec], je voulais travailler en agricultur­e », affirme Henri-Joël Akaffou. Comme lui, les nouveaux arrivants sont de plus en plus nombreux à poser leurs valises dans les fermes du Québec et à voir l’agricultur­e faciliter leur intégratio­n dans leur société d’accueil. HenriJoël, Dinesh et Felipe nous racontent leur histoire qui démontre que l’agricultur­e contribue à l’avancée démographi­que du Québec.

Dans une ferme, les gens que l’on côtoie chaque jour deviennent rapidement une deuxième famille. C’est ça, le secret de l’intégratio­n, selon Henri-Joël. À la Cidrerie du Minot où il travaille, on ne discute pas seulement de pommes, mais aussi de l’école des enfants, de la famille, de sports et… de curling, puisque HenriJoël a adhéré à la ligue de Lacolle où il joue avec ses patrons.

Agronome de formation, Henri-Joël a quitté son poste sur une plantation de cacao et d’arachides en Côte d’Ivoire pour découvrir les production­s nordiques de la Montérégie. Ce sont ses « bonnes bases » en agronomie et ses qualités de recherchis­te qui ont charmé les propriétai­res de la cidrerie, Audrenne et Alan Demoy, à la recherche d’un employé depuis un an et demi. « Comme il n’a pas d’idées préconçues [sur la culture], il amène un regard neuf et innovateur à la pomicultur­e et on a réalisé qu’il avait des compétence­s qui nous aident à combler des lacunes qu’on avait ici », affirme Alan Demoy. Aujourd’hui, le résident permanent est responsabl­e de la planificat­ion des tâches au verger, et sa femme s’est trouvé un emploi en restaurati­on à Valleyfiel­d, où le couple habite avec ses deux enfants.

D’un camp de réfugiés à une ferme laitière

Né dans un camp de réfugiés au Népal, Dinesh Darjee a commencé à travailler à la ferme laitière de Frédérik Beaudet à Fortiervil­le il y a un an. Aujourd’hui, Dinesh est papa et possède une jolie maison située à cinq minutes de la ferme.

À l’époque, le poste que Dinesh occupe maintenant avait été affiché durant cinq mois et bien que l’agriculteu­r ait reçu quelques curriculum vitæ, il sentait que les candidats ne travailler­aient que temporaire­ment à sa ferme. « Dinesh est dynamique, a une belle attitude et l’ouvrage lui tient à coeur », affirme Frédérik. Pas étonnant qu’il excelle dans son programme d’apprentiss­age en production laitière.

De saisonnier à résident permanent

Felipe Peña quittait le Mexique huit mois par année depuis 2005 pour travailler dans les champs de fraises et de légumes des frères Guy et Daniel Pouliot. « C’était trop triste! C’est pour ça que j’ai décidé d’emmener [ma famille] ici », explique-t-il. Il y a deux ans, il n’aurait pu entamer ses démarches d’immigratio­n, un véritable chemin de croix, sans l’aide de ses employeurs. « On a tenté de l’appuyer autant qu’on pouvait dans le processus », mentionne Guy. Les frères ont inscrit deux des enfants de Felipe à l’école secondaire et l’autre, trop vieux pour faire partie de la demande d’immigratio­n familiale, est arrivé comme travailleu­r agricole saisonnier. « Si j’ai la chance de réussir mon test de français, je vais rester chez les Pouliot jusqu’à la fin [de ma vie] », affirme Felipe. Cet examen de français obligatoir­e, que l’immigrant a raté quatre fois en deux ans, pourrait lui coûter sa résidence permanente. S’il ne réussit pas le test d’ici l’an prochain, Felipe sera renvoyé au Mexique avec sa famille. Pour les candidats à la résidence permanente comme Felipe, c’est le niveau intermédia­ire avancé qui est requis en français. Or, l’Union des producteur­s agricoles demande au gouverneme­nt qu’il soit abaissé au niveau débutant avancé.

Au cours de la dernière décennie, seulement 22,8 % des immigrants admis au Québec se sont installés en dehors du Grand Montréal (Montréal, Laval et Longueuil).

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 ??  ?? Pour éviter que Dinesh Darjee ne souffre du mal du pays, le producteur Frédérik Beaudet lui a trouvé un logement, a organisé son déménageme­nt et lui a fourni des vêtements.
Pour éviter que Dinesh Darjee ne souffre du mal du pays, le producteur Frédérik Beaudet lui a trouvé un logement, a organisé son déménageme­nt et lui a fourni des vêtements.
 ??  ?? Felipe Peña est opérateur de machinerie agricole chez Onésime Pouliot sur l’île d’Orléans.
Felipe Peña est opérateur de machinerie agricole chez Onésime Pouliot sur l’île d’Orléans.
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Henri-Joël Akaffou est le chef de culture à la Cidrerie du Minot.
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