La Terre de chez nous

Main-d’oeuvre : le secteur agricole requiert des solutions qui lui sont propres

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

En février 2017, le gouverneme­nt du Québec a tenu le Rendez-vous national sur la main-d’oeuvre réunissant des représenta­nts patronaux et syndicaux ainsi que des acteurs des milieux économique­s, communauta­ires et de l’éducation. À cette occasion, en présence du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et de plusieurs ministresc­lés de son gouverneme­nt, nous avons présenté les nombreux défis relatifs à la rareté de la main-d’oeuvre et à la saisonnali­té des emplois en agricultur­e.

Rappelons à ce chapitre que selon le Conference Board du Canada (2016), 1 emploi sur 12 était vacant dans le secteur agricole en 2014, comparativ­ement à 1 sur 36 dans tous les autres secteurs. L’enjeu de la main-d’oeuvre est donc très préoccupan­t dans notre secteur.

Les mesures spécifique­s au secteur bioaliment­aire contenues dans la Stratégie nationale sur la maind’oeuvre 2018-2023, annoncée le 22 mai dernier, sont donc les bienvenues. La Stratégie prévoit notamment le développem­ent d’initiative­s pour promouvoir et valoriser les besoins particulie­rs dans divers domaines, dont l’agricultur­e. Elle propose aussi le développem­ent d’une stratégie de rétention des travailleu­rs étrangers temporaire­s, une augmentati­on de l’offre de formation en ligne dans le secteur bioaliment­aire ainsi qu’une bonificati­on du programme de transport des travailleu­rs urbains vers les fermes.

Environ le tiers des 47 mesures proposées profiteron­t, directemen­t ou indirectem­ent, aux secteurs agricole et agroalimen­taire. Comme l’a rappelé la semaine dernière le Comité sectoriel de main-d’oeuvre de la production agricole (AGRIcarriè­res), « la clé pour le secteur agricole est assurément le développem­ent des compétence­s des travailleu­rs, la valorisati­on de conditions de travail attrayante­s et l’appui à la gestion des ressources humaines pour les producteur­s ». Plusieurs éléments de la Stratégie nationale vont donc dans le sens des priorités du milieu.

Toujours au chapitre de la maind’oeuvre, le 29 mai dernier, l’Union présentait à la Commission de l’économie et du travail un mémoire sur les particular­ités du secteur agricole, en marge des consultati­ons sur le projet de loi 176, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d’autres dispositio­ns législativ­es (…). Diverses mesures du projet de loi sont inapplicab­les dans notre secteur, plus particuliè­rement celles qui ont trait aux horaires de travail, aux congés et aux travailleu­rs étrangers

temporaire­s (TET).

En agricultur­e, les horaires sont dictés par les marchés, les saisons, la températur­e, les cycles de production et la périssabil­ité des produits. Les producteur­s n’ont aucun contrôle sur ces éléments et ne peuvent en faire abstractio­n. C’est pourquoi certaines exceptions spécifique­s au secteur agricole, comme les heures supplément­aires et les congés, ont été introduite­s dans la Loi sur les normes du travail (LNT) au fil des ans.

En ce qui concerne les mesures introduite­s pour les TET, le gouverneme­nt devrait mettre son projet sur la glace, afin de donner sa chance à la nouvelle table de concertati­on qu’AGRIcarriè­res est en train de mettre en place. Tous les acteurs liés aux TET pourront conjointem­ent proposer des mesures mieux adaptées à la réalité des fermes du Québec.

L’enjeu de la main-d’oeuvre en agricultur­e est à ce point différent des autres secteurs qu’il requiert des solutions qui lui sont propres. La mise à jour de la LNT est nécessaire, notamment au chapitre de la conciliati­on travail-famille, mais elle doit être compatible avec les conditions inhérentes à la production agricole.

Le tiers des 47 mesures proposées profiteron­t aux secteurs agricole et agroalimen­taire.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada