La Terre de chez nous

Le Mexique impose des tarifs

L’affaire a commencé à la télévision américaine, le 3 juin, alors que Justin Trudeau a donné l’impression qu’il s’apprêtait à accorder des concession­s aux Américains sur l’accès au marché canadien des produits laitiers. L’histoire a par la suite alimenté

- THIERRY LARIVIÈRE tlariviere@ laterre.ca @LariviereT Justin Trudeau avec l’animateur Chuck Todd, de l’émission Meet the Press, dans une entrevue exclusive enregistré­e le 1er juin et diffusée le 3 juin.

Interrogé par l’animateur de Meet

the Press sur ce qu’il croyait que les États-Unis souhaitaie­nt obtenir dans la renégociat­ion de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le premier ministre a répondu : « Je pense qu’ils veulent un meilleur accord pour leur secteur automobile avec le Mexique et un plus grand accès à certains produits agricoles au Canada, comme les produits laitiers. »

L’animateur Chuck Todd a ensuite demandé si Justin Trudeau était prêt à donner cela aux États-Unis. « Nous avancions vers une plus grande flexibilit­é sur le sujet et je pensais que c’était très prometteur, mais les États-Unis voulaient une clause crépuscula­ire; ce qui n’a pas de sens », a répondu Justin Trudeau. Une telle clause mettrait fin à l’accord au bout de cinq ans à moins que les trois parties décident de le renouveler.

La phrase du premier ministre n’est pas passée inaperçue. « Troublés » par ces propos, les Producteur­s laitiers du Canada ont publié une lettre ouverte à Justin Trudeau pour en savoir plus et dans laquelle ils réclament une rencontre avec lui. « On ne sait jamais avant la fin ce qu’il y avait sur la table », a mentionné Marcel Groleau, président du Mouvement pour la gestion de l’offre. En date du 4 juin, il ajoutait n’avoir obtenu aucune informatio­n indiquant qu’il y aurait eu des concession­s sur la gestion de l’offre à la table de négociatio­ns.

Rebondisse­ment à Ottawa et à Québec

À Ottawa, Justin Trudeau a été questionné par le chef de l’opposition officielle, Andrew Scheer, qui lui a demandé, en français, quelles concession­s il avait l’intention de faire sur la gestion de l’offre. « Les producteur­s laitiers au Québec et partout au Canada savent à quel point nous sommes là pour les défendre et nous allons toujours défendre le système de gestion de l’offre », a répondu Justin Trudeau, le 6 juin, avant d’attaquer son vis-à-vis pour avoir nommé quelqu’un qui est contre la gestion de l’offre, Maxime Bernier, comme porte-parole en matière d’innovation et d’économie.

À Québec, on a assisté à un moment de solidarité entre les partis pour une défense ferme de la gestion de l’offre. André Villeneuve, du Parti québécois (PQ), a questionné le gouverneme­nt sur la « flexibilit­é » dans les importatio­ns laitières du premier ministre Trudeau. « Je joins ma voix au PQ pour que le fédéral garde la ligne dure face aux ÉtatsUnis quant à la gestion de l’offre. Nous disons au fédéral que ce n’est pas le temps de plier », a répondu Laurent Lessard, ministre de l’Agricultur­e du Québec.

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