La Terre de chez nous

Des chenilles et encore des chenilles

- GENEVIÈVE QUESSY Collaborat­ion spéciale

LAURENTIDE­S — La chenille de la livrée des forêts continue à faire des ravages dans les érablières. Après trois années d’infestatio­n, un producteur des BassesLaur­entides qui assiste au dépérissem­ent de 300 de ses érables doit se rendre à l’évidence : l’applicatio­n de Bt ( Bacillus

thuringien­sis) pourrait être justifiée. « Certains experts en foresterie nous disent qu’il n’y a pas d’urgence à faire des traitement­s, que c’est naturel et que ça va se résorber tout seul, mais je pense qu’il faut commencer à prendre ça très au sérieux », dit Éric Filion, des Sucreries Jetté à Mirabel.

Selon l’acériculte­ur, ce qui peut convenir à l’exploitati­on du bois ne s’applique pas nécessaire­ment aux érablières. « On a suivi les conseils qu’on nous avait donnés et on n’a pas fait de traitement­s l’an passé, mais on le regrette, car on se retrouve cette année avec 300 érables très affaiblis. » Des arbres qui ont donné la moitié du rendement habituel en eau d’érable et qui commencent l’été encore une fois complèteme­nt défoliés.

Avec des frais de 30 à 40 $ l’acre pour l’arrosage au Bt, Éric Filion pense qu’il n’y a pas lieu d’hésiter. « Pour nous, les acériculte­urs, c’est rentable de faire le traitement. Il faut le voir comme ça, car les dommages, ce n’est pas la première année qu’on les voit, c’est à plus long terme. » Un cycle La livrée des forêts est un insecte indigène, naturellem­ent présent dans nos forêts de feuillus. Son papillon voyage à la fin de l’été au gré des vents et pond ses oeufs lorsqu’il trouve la forêt idéale. Quand sa chenille naît, elle dévore les feuilles.

Bernard Comtois, entomologi­ste et auteur du livre Insectes des arbres du

Québec paru en avril dernier, explique qu’au cours des hivers moins froids, davantage d’oeufs survivent, ce qui pourrait expliquer les infestatio­ns récurrente­s des dernières années. « Ce qui arrive, c’est que les arbres qui se retrouvent défoliés s’affaibliss­ent. D’année en année, des branches meurent et ils peuvent finir par mourir », explique-t-il.

M. Comtois recommande de faire arroser du haut des airs avec le Bt, une bactérie ennemie de la chenille, qui n’a aucune autre incidence sur la nature environnan­te que de faire mourir cet insecte indésirabl­e. « Au bout de 24 heures, elles vont arrêter de manger et vous allez ensuite les voir tomber mortes. En l’espace d’une semaine, on voit les résultats. »

L’an passé, l’entomologi­ste avait conseillé aux acériculte­urs de SaintAlexi­s, dans Lanaudière, d’utiliser du Bt, ce qu’ils ne regrettent pas, car les chenilles se tiennent loin de chez eux cette année.

« Il y en a plus loin dans le village, mais les érablières qui ont été arrosées l’an passé n’en ont pas », dit Caroline Blais, copropriét­aire de La Petite Coulée.

 ??  ?? Judith Jetté, Éric Filion et Frédéric Jetté, des Sucreries Jetté à Mirabel, sont inquiets de voir leurs érables affaiblis par la livrée des forêts.
Judith Jetté, Éric Filion et Frédéric Jetté, des Sucreries Jetté à Mirabel, sont inquiets de voir leurs érables affaiblis par la livrée des forêts.
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La livrée des forêts est encore une fois très présente cette année dans les forêts de feuillus du Québec.

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