La Terre de chez nous

Au moins deux fermes victimes d’un réseau criminel

- THIERRY LARIVIÈRE tlarivière@ laterre.ca

La Sûreté du Québec (SQ) met les agriculteu­rs en garde. Un réseau peu scrupuleux écoule des sols contaminés à l’arsenic, au plomb et aux hydrocarbu­res, sans respecter la réglementa­tion environnem­entale. Au moins deux fermes du Québec ont été touchées.

Ces sols proviennen­t souvent de grands chantiers, comme celui de l’échangeur Turcot à Montréal, et peuvent être contaminés aux hydrocarbu­res ou aux métaux lourds. Le risque est donc grand de nuire au rendement ou même de contaminer les cultures et les aliments. Le plomb, par exemple, est facilement absorbable par les plantes.

Selon Hugo Fournier, porte-parole de la SQ, deux fermes ont fait l’objet d’une enquête, mais la SQ a recueilli de l’informatio­n sur d’autres endroits. Les régions les plus concernées sont celles de L’Assomption, Sainte-Sophie et Mirabel.

« Le risque est de contaminer des aliments par des métaux lourds », indique Marc Hébert, un spécialist­e des matières résiduelle­s fertilisan­tes qui a oeuvré plusieurs années au ministère de l’Environnem­ent du Québec. Il effectue maintenant un mandat pour Englobe, une entreprise de traitement des sols contaminés. « Depuis quelques années, les centres de traitement reçoivent de moins en moins de sols à traiter », indique Marc Hébert, qui estime que des millions de tonnes de sols contaminés pourraient être en cause.

Modus operandi

« Certaines organisati­ons fournissai­ent même la machinerie pour niveler la terre [contaminée] », a expliqué Hugo Fournier, en parlant du modus operandi des malfaiteur­s. Ces derniers offraient de la terre gratuiteme­nt ou au rabais et exigeaient souvent la signature d’une décharge de responsabi­lités ou d’un contrat d’exclusivit­é. Ces documents permettaie­nt aux livreurs de se dégager de la responsabi­lité d’avoir fait affaire avec les agriculteu­rs.

La SQ a confirmé à La Terre que l’enquête Naphtalène sur l’écoulement potentiell­ement illégal de sols contaminés était terminée, et le dossier est maintenant entre les mains du Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) depuis « quelques mois ». Ce dernier n’a pas encore décidé s’il allait déposer des accusation­s contre le réseau identifié par la SQ.

Traçabilit­é

Le projet pilote Traces Québec, mis en place en mars 2018 dans l’arrondisse­ment d’Outremont, permet d’assurer la traçabilit­é des sols contaminés, du prélèvemen­t à la destinatio­n finale. Si elle était déployée dans toute la province, cette traçabilit­é permettrai­t de compléter les registres de compagnies comme Englobe ou Sanexen qui font déjà un suivi à partir du moment où elles reçoivent des sols à traiter. La ministre de l’Environnem­ent, Isabelle Melançon, a d’ailleurs ouvert la voie à cette possibilit­é lors du lancement de Traces Québec.

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Certains malfaiteur­s fournissen­t gratuiteme­nt de l’équipement de nivelage pour étendre des sols contaminés livrés illégaleme­nt.

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