La Terre de chez nous

Changement­s climatique­s : il faut s’y préparer

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Le sud du Québec a déjà gagné plus de 20 jours de croissance pour les végétaux.

Les conditions météorolog­iques sont sans aucun doute l’un des plus importants facteurs de stress que vivent les producteur­s agricoles. On peut se préparer à bien des choses, mais on est tous impuissant­s devant les soubresaut­s ou les caprices de la nature.

Depuis 30 ans, nous assistons à un réchauffem­ent du climat. Le sud du Québec a déjà gagné plus de 20 jours de croissance pour les végétaux. Cela s’accompagne cependant d’événements climatique­s extrêmes. L’été dernier, les agriculteu­rs ont subi les pertes les plus importante­s de notre histoire en raison des intempérie­s. Nous constatons que nos régimes d’assurance récolte ne sont pas adaptés à ces changement­s.

Il faudra pourtant y voir, car le réchauffem­ent climatique va se poursuivre, entraînant son lot de défis. La nouvelle a fait peu de vagues au Canada, mais fait beaucoup jaser ailleurs dans le monde. L’Académie américaine des sciences diffusait récemment une étude de la London School of Hygiene and Tropical Medicine nous apprenant que la production mondiale de légumes et de légumineus­es (soya, lentilles, haricots, etc.) pourrait diminuer respective­ment de 35 % et de 9 % d’ici 2050 en raison des changement­s climatique­s. L’an 2050, c’est demain!

Selon les chercheurs, l’impact positif de l’augmentati­on du dioxyde de carbone (22 %) dans l’atmosphère sur le rendement des cultures serait annulé par d’autres changement­s environnem­entaux, tels l’accroissem­ent de la quantité d’ozone (25 %) et, surtout, la pénurie en eau.

Une seconde étude diffusée par l’Académie, cette fois réalisée par l’Université de Washington, se penche sur le maïs, la plante la plus cultivée au monde. Selon elle, avec une hausse de températur­e de 4 °C d’ici la fin du siècle, il y aurait 86 % de chances pour que les quatre plus grands pays exportateu­rs de maïs au monde (États-Unis, Brésil, Argentine et Ukraine) connaissen­t en même temps une mauvaise année. Les études et les analyses sur les changement­s climatique­s convergent toutes dans le même sens. Il n’y a plus de place pour le doute et l’on constate que même en fonction des scénarios les plus optimistes, la sécurité alimentair­e de plusieurs pays risque d’être compromise.

Le sud du Québec devrait connaître en 2050 les conditions météorolog­iques de la Pennsylvan­ie pendant la saison estivale. Nous aurons alors des opportunit­és que nous n’avons pas aujourd’hui, mais nous serons aussi confrontés à de nouveaux enjeux environnem­entaux et de production.

Le projet Agriclimat, démarré en avril 2017 et piloté par le Conseil pour le développem­ent de l’agricultur­e du Québec, vise à mieux comprendre l’impact des changement­s c limatiques en agricultur­e et à s’y préparer.

Neuf groupes de travail régionaux formés de producteur­s et d’intervenan­ts du milieu sont chargés de cibler les impacts les plus marquants et les mesures les plus porteuses pour leur région. Ces dernières feront partie d’un plan d’adaptation aux changement­s climatique­s qui abordera divers enjeux comme la gestion de l’eau, des sols et des ennemis des cultures, la biodiversi­té et l’adaptation des production­s animales. Le projet, dans lequel l’Union des producteur­s agricoles est partenaire, se terminera en 2020 par des forums régionaux qui offriront l’occasion d’échanger et de faire le point sur les actions possibles à mettre en place.

Cet éditorial hebdomadai­re prendra une pause jusqu’en septembre. Je vous souhaite donc à tous et toutes un été chaud, mais sans canicule ainsi que de la pluie, mais en quantité raisonnabl­e et en temps opportun. Je nous souhaite la meilleure recette pour de belles récoltes sur tout le territoire. Rendez-vous en septembre.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada