La Terre de chez nous

Saputo donne raison aux États-Unis sur la classe 7

- THIERRY LARIVIÈRE tlariviere@ laterre.ca

Lino Saputo Jr., chef de la direction de Saputo, a affirmé le 18 juin dans une entrevue à La Presse canadienne qu’il était d’accord avec la demande américaine de mettre fin à la classe 7 pour le paiement du lait.

« C’est comme s’ils voulaient le beurre et l’argent du beurre; cela n’a aucun sens pour moi », a déclaré l’industriel laitier, en parlant des producteur­s de lait, ajoutant : « Vous ne pouvez pas conserver le système de gestion de l’offre de lait et avoir une classe de lait en concurrenc­e avec les marchés mondiaux en même temps », a-t-il affirmé à Reuters le 19 juin.

Ce faisant, il répond favorablem­ent à la récente suggestion allant en ce sens du secrétaire américain à l’Agricultur­e, Sonny Perdue. Cette déclaratio­n de Saputo a fait sursauter les Producteur­s laitiers du Canada (PLC), qui continuent de défendre la classe 7. « Bien que ces commentair­es nous aient pris par surprise, peut-être sont-ils la résultante de la confusion générée par les commentair­es du gouverneme­nt portant sur la flexibilit­é dans le cadre des négociatio­ns de l’Accord de libre-échange nord-américain », a déclaré Jacques Lefebvre, chef de la direction des PLC.

« C’est un manque d’informatio­n ou une méconnaiss­ance [qui explique la déclaratio­n de Lino Saputo Jr.] », a commenté Bruno Letendre, président des Producteur­s de lait du Québec (PLQ), qui rappelle que l’Associatio­n des transforma­teurs laitiers du Canada (ATLC), dont Saputo fait partie, avait approuvé l’entente sur les ingrédient­s laitiers qui a mené à la classe 7 et soutient la gestion de l’offre.

Saputo n’avait pas répondu à la question de La Terre sur ce changement de position par rapport à l’ATLC au moment de publier.

Le Canada ne fait pas le poids

Les PLC remettent en question l’effet négatif de la « concurrenc­e » du Canada sur le marché américain mentionnée par Saputo et Perdue. L’organisati­on soumet que la production de lait canadienne représente moins de 1 % de la production mondiale et qu’une très faible partie de ce volume est exportée, surtout des solides non gras.

Selon les règles de l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC), les transforma­teurs ne peuvent pas exporter un fromage fabriqué à partir de lait payé moins cher que ce qu’ils paient à l’intérieur du pays. Leur produit ne peut donc pas concurrenc­er un fromage américain qui est fabriqué à 100 % avec du lait au prix mondial.

De leur côté, les États-Unis ont exporté près de 19 % de leur production laitière en 2017, une part que le U.S. Dairy Export Council souhaite porter à 20 % d’ici 2023.

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