La Terre de chez nous

Ce sera le statu quo, décrète ète la Régie

- THIERRY LARIVIÈRE tlariviere@ laterre.ca

L’approvisio­nnement en poulet dans le centre du Canada ne sera finalement pas soumis au libre marché. La position des acheteurs de poulets est sortie largement gagnante après 44 jours de débats étalés sur 12 mois devant la Régie des marchés agricoles et agroalimen­taires du Québec. Un statu quo qui déçoit les Éleveurs de volailles du Québec (EVQ).

Pendant toute cette période, deux visions se sont opposées : d’un côté, le marché libre sur le plan des approvisio­nnements au Québec, et de l’autre, les volumes d’approvisio­nnement garantis harmonisés avec l’Ontario. C’est la deuxième approche, celle des transforma­teurs, qui a obtenu l’appui des régisseurs. Il n’y aura donc pas de changement majeur dans la convention de mise en marché du poulet pour les trois prochaines années.

Répartitio­n des profits

« C’est une très grosse déception. On est encore convaincus d’avoir raison », a commenté Pierre-Luc Leblanc, président des EVQ, après la décision du 22 juin. « On veut toujours une répartitio­n plus uniforme de la richesse dans la filière », ajoute le président, qui précise que les EVQ n’ont pas encore décidé de la marche à suivre à la suite de cette décision.

La Régie n’a pas été convaincue par les arguments des EVQ selon lesquels la fin des volumes garantis aux abattoirs et la fin du protocole d’approvisio­nnement Québec-Ontario pourraient régler l’accélérati­on de la concentrat­ion de l’industrie, le manque de concurrenc­e entre les deux joueurs dominants (Olymel et Exceldor) ou les profits « indus » des abattoirs.

Pour la Régie, la propositio­n des EVQ ramènerait les primes aux producteur­s « qui nuisent à la rentabilit­é de l’industrie ». Toujours selon la Régie, la fin du protocole Québec-Ontario pourrait par ailleurs ramener le problème de déplacemen­t « irrationne­l » des poulets entre les deux provinces. Bref, les régisseurs estiment que le statu quo est favorable à l’ensemble de l’industrie et que la hausse des volumes produits en est un indicateur. L’introducti­on d’un marché libre nécessiter­ait par ailleurs une « analyse d’impact » plus approfondi­e.

Ristournes

« Nous sommes très satisfaits de la décision de la Régie. Celle-ci a retenu nos arguments », a commenté Yvan Brodeur, vice-président à l’approvisio­nnement pour la division volailles d’Olymel. Ce dernier rappelle que la concentrat­ion n’a pas empêché une croissance « inté- ressante » de la production et que les producteur­s profitent dans plusieurs cas des ristournes des deux coopérativ­es (Olymel et Exceldor) qui transforme­nt plus de 93 % des poulets du Québec. Selon la Régie, Exceldor a versé environ 6 ¢ le kilo produit à ses membres dans les dernières années. Olymel a ajusté ses prix en conséquenc­e. Il n’a cependant pas été possible de confirmer si les autres acheteurs, qui représente­nt 6 % du marché, procèdent au même ajustement de prix.

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Aux yeux de la Régie, il manquait de preuves pour soutenir l’affirmatio­n des EVQ selon laquelle les marges de profit seraient mal réparties dans la filière du poulet.

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