La Terre de chez nous

Un ancien « gros » se vide le coeur

- J. M.

« Le lait n’est pas une commodité. Quand le marché du maïs est mauvais, je peux planter autre chose. En production laitière, je suis pogné avec mon lait! » – Jerry Volence

MONTFORT — Dans la campagne du Wisconsin, la ferme familiale constitue une espèce en voie de disparitio­n.

Le producteur laitier Jerry Volence a 320 vaches en lactation. « À 320 vaches, j’ai toujours été perçu comme un gros producteur. Maintenant, je me sens comme un gentleman-farmer », plaisante l’agriculteu­r. Lorsque Jerry était tout petit, son père tirait 50 vaches. Quelques années plus tard, lorsque le jeune homme est sorti du collège, le cheptel comptait 100 vaches en lactation. Jerry a graduellem­ent accéléré la cadence jusqu’à dépasser le cap des 300. « Je n’ai pas le désir ni les terres pour augmenter davantage », assure-t-il.

Au cours des dernières années, il a vu disparaîtr­e les petits élevages du paysage du Wisconsin, vite remplacés par des fermes de 1 000, 5 000, voire 10 000 têtes! Autour de lui, l’avènement de ces « Concentrat­ed Animal Feeding Operations », ou CAFO, inquiète. En vertu des règles environnem­entales, ces entreprise­s qui comptent plus de 1 000 unités animales doivent obtenir un permis spécial.

Intégratio­n

Selon Jerry, l’arrivée de ces mastodonte­s laitiers signe la fin des fermes familiales. « Les CAFO ne peuvent pas être transférée­s à la relève. Elles doivent recruter des investisse­urs », explique l’éleveur. Ce dernier voit donc poindre l’intégratio­n verticale dans la production laitière. « Nous sommes en train de faire comme l’industrie porcine : les entreprise­s deviennent de plus en plus grosses, elles inondent le marché et flushent les plus petits. C’est ce qui est en train de se passer dans le lait », croit Jerry. Il cite d’ailleurs l’exemple du géant Walmart, qui vient d’inaugurer sa propre usine laitière en Indiana.

Le spectre de l’intégratio­n plane aussi autour des transforma­teurs Nasonville Dairy et Grassland. Propriété de la famille Wüthrich, des producteur­s de lait, Grassland a laissé tomber une soixantain­e de fermes au printemps 2017 à la suite de la perte du marché canadien pour son lait diafiltré. Toutefois, plusieurs observateu­rs estiment que les Wüthrich auraient pu diminuer la production de leurs propres élevages plutôt que de pénaliser de petites fermes « indépendan­tes ». Dans un reportage de la chaîne Fox, les Wüthrich réfutaient ces accusation­s. Ils admettaien­t cependant avoir été en contact avec le président de la Chambre des représenta­nts, Paul Ryan, et d’autres membres de l’administra­tion Trump afin de « régler les problèmes » avec la gestion de l’offre du Canada.

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L’élevage de Jerry Volence, Hardscrabb­le Farms, compte 320 vaches en lactation.

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