La Terre de chez nous

La maison de répit lui sauve la vie

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca

SAINT-HYACINTHE — Geneviève Manseau n’en pouvait plus; c’était trop. Lorsque son mari lui a annoncé qu’il la quittait, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase. « Je ne savais pas quoi faire, et un tourbillon d’idées m’est apparu, même celle du suicide », raconte la mère de six enfants. Et puis elle a reçu l’appel de Nancy Langevin, travailleu­se de rang d’Au coeur des familles agricoles (ACFA), et s’est rendue plusieurs fois à la maison de répit. « Ça m’a sauvé la vie », avouet-elle, deux ans après les faits.

Si elle raconte son histoire, c’est pour montrer aux producteur­s agricoles que peu importe la gravité du problème, le suicide n’est pas la solution et qu’il existe des ressources pour s’en sortir.

Séparation

Au début de 2016, Geneviève a été forcée de quitter la maison familiale. « Je ne l’avais pas vu venir », se rappelle-t-elle. La mère de six enfants perdait d’un coup son couple, sa maison et son travail, et si elle ne prenait pas les vaches, la ferme serait démantelée. « Mes vaches, c’étaient mes bébés, mes filles. Je ne voulais pas partir sans elles », indique Geneviève. Alors le temps que le troupeau soit transféré à son nom, et afin d’adoucir la transition pour ses enfants, elle s’est rendue quotidienn­ement à la ferme pendant neuf mois. « Ça a pris beaucoup d’écoute de la Maison [de répit] pour gérer toute cette tempête-là. Aujourd’hui, tout s’est placé et tout va bien », souligne-t-elle.

À 43 ans, Geneviève est maintenant propriétai­re unique de sa ferme laitière à Roxton Falls en Montérégie. Elle possède un troupeau de 85 vaches de races Canadienne­s et Holsteins avec un quota de 51 kg.

Maison de répit

En temps de crise, le réflexe de Geneviève n’a pas été d’appeler ACFA. C’est sa comptable qui a fait part de son histoire à la maison de répit, puis Nancy Langevin a assuré le suivi en contactant l’agricultri­ce. « Elle a été bonne parce que j’avais le goût de la revirer de bord plus que d’autre chose, mais elle a eu la bonne façon de m’aborder au téléphone pour que je puisse être à l’aise et m’a fait promettre de ne pas passer à l’acte durant la fin de semaine », confie la productric­e.

Le lundi suivant, les deux femmes se sont rencontrée­s en personne pour une première fois. Puis, ce qui était un rendez-vous d’urgence est devenu une rencontre hebdomadai­re, puis bimensuell­e et finalement mensuelle. « Le projet de racheter mes parts avec le quota des vaches s’est placé et j’avais moins besoin d’en jaser », indique Geneviève. ACFA l’a aidée à trouver des solutions à ses problèmes, notamment en lui conseillan­t de continuer à travailler avec les profession­nels gravitant autour de son ancienne exploitati­on laitière : comptable, vétérinair­e, conseiller agricole, etc. « J’ai [décidé] de garder le noyau de profession­nels que je connaissai­s. Je sais comment ils travaillen­t et ils savent vers où je veux aller, donc c’était plus facile de monter mon dossier [à la caisse populaire] pour conserver ce que je voulais avoir », affirme Geneviève.

Avec le recul, la productric­e ne pense pas qu’elle serait passée à l’acte, par amour pour ses enfants. « Aujourd’hui, je suis encore là et ça va bien », dit-elle. Si vous ressentez le besoin de parler, contactez Au coeur des familles agricoles : 450 768-6995.

« Lui aimait les champs et la machinerie et moi, j’aimais les vaches, alors j’ai toujours pensé qu’on se complétait bien ainsi. » – Geneviève Manseau

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Geneviève Manseau ne se voyait pas faire autre chose qu’être agricultri­ce.

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