Des temps plus difficiles pour les producteurs de lait
La baisse du prix du lait et la réduction du droit de produire effectif depuis le 1er juillet créent un contexte défavorable aux agriculteurs québécois. C’est en adoptant une meilleure gestion qu’ils pourront s’en sortir.
L’agroéconomiste Raymond Racicot confirme que les marges bénéficiaires « ne sont pas grosses ces temps-ci » dans une majorité de fermes laitières. Il ajoute que la coupe de 3,5 % du droit de produire et le retrait des journées additionnelles de production automnale auront un impact négatif sur la profitabilité, car « c’est du lait qui ne coûte rien en frais fixes. Et à part les coûts en alimentation, c’est du profit », explique-t-il.
Période difficile
La situation de chaque ferme diffère, bien entendu. L’agroéconomiste du groupe de gestion agricole de l’Estrie assure néanmoins que la conjoncture et la hausse des taux d’intérêt « changent complètement la game », tant pour les projets d’investissement que pour les activités courantes. « C’est une claque au visage juste au moment où les entreprises investissent comme jamais », résume M. Racicot. Il prévoit une hausse des demandes de congé de remboursement de capital.
« Le vent négatif qui souffle sur les réseaux sociaux n’est cependant pas celui que je constate dans toutes les fermes. Celles dans le premier tiers feront moins de profit, mais elles continueront d’en faire. De plus, n’oublions pas que les producteurs ont quand même vu leur droit de produire augmenter de 20 % depuis deux ans », nuance M. Racicot.
Au Lac-Saint-Jean, le conseiller en production laitière Serge Fortin mentionne que les profits seront très serrés pour 20 fermes laitières sur les 35 qu’il suit. « Les prochains mois seront particuliè- rement durs pour les agriculteurs qui ont investi leur culotte. Et si les négociations de l’Accord de libre-échange nord-américain ouvrent une brèche supplémentaire dans la gestion de l’offre et diminuent encore le prix du lait, il pourrait y avoir un raz de marée de producteurs qui quitteront la production », avertit celui qui travaille pour Valacta.
L’agroéconomiste Raymond Racicot précise que les producteurs laitiers doivent prendre le temps d’effectuer des prévisions budgétaires qui tiennent compte de la variation des taux d’intérêt, du prix du lait et des volumes qu’ils réussiront à générer en fonction de leur droit de produire.