Un hôpital en zone verte
Allant à l’encontre de l’avis de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), le gouvernement a annoncé la construction d’un nouvel hôpital de 1,5 G $ pour la région de Vaudreuil-Soulanges qui sera situé sur 24 hectares (ha) de terres agricoles près de l’autoroute 30.
L’avis publié par la CPTAQ fin mai stipule pourtant que six terrains sont disponibles hors de la zone agricole, dont trois de plus de 24 ha.
« Le site qui a été choisi est le seul à offrir l’espace nécessaire pour la construction de cet hôpital d’envergure et son accessibilité », a déclaré Gaétan Barrette, ministre de la Santé, lors de l’annonce du 29 juin.
Dans son analyse, la CPTAQ fait également ressortir que d’autres services de santé étant déjà localisés ailleurs (CLSC, CHSLD), un centre hospitalier en zone urbaine aurait besoin de 9,3 ha et non de 24. La Commission donne des exemples d’autres hôpitaux au Québec qui sont installés sur une dizaine d’hectares et peuvent même procéder à des agrandissements sans obtenir plus de terrain. La CPTAQ craint que le « pouvoir d’attraction » du centre hospitalier mène à d’autres demandes de dézonage dans le futur. « Le projet contrevient totalement aux objectifs de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles ainsi qu’aux orientations gouvernementales et au Plan métropolitain d’aménagement et de développement », conclut la CPTAQ.
Il y a une différence de prix importante entre les terrains puisque celui en zone agricole peut valoir jusqu’à 80 fois moins que certains terrains de Vaudreuil-Dorion en zone urbaine.
Le décret confirmant l’utilisation des terres visées à des fins autres qu’agricoles a été publié dans la Gazette officielle le 18 juillet. Le début des travaux est annoncé pour 2022 et la fin est prévue pour 2026. « Ils se dépêchent de faire ça [annoncer l’emplacement de l’hôpital] à la sauvette pour faire plaisir aux deux députés libé- raux du coin. C’est inacceptable », lance Christian St-Jacques, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie. Ce dernier souligne le travail de la CPTAQ, qui a trouvé d’autres sites assez grands et plus accessibles. Le président ne s’oppose pas à l’hôpital, seulement à l’em- placement prévu. Christian St-Jacques estime que cette décision d’empiéter sur le territoire agricole pourrait devenir un enjeu électoral.
Steven Guilbeault, d’Équiterre, a déclaré au Journal de Montréal qu’il était « inacceptable » de ne pas considérer les autres sites et qu’il serait possible, selon lui, de contester l’expropriation devant les tribunaux pour faire respecter l’avis de la CPTAQ.
Le cabinet du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, n’avait pas répondu aux questions de La Terre sur les autres sites possibles au moment de publier.