La Terre de chez nous

Une professeur­e passionnée des fraises du Québec

- MARIE-CLAUDE OUELLET Valérie Gravel examine le développem­ent de transplant­s de fraisiers ‘Albion’ dans les serres de recherche du campus Macdonald.

Depuis huit ans, l’agronome et professeur­e Valérie Gravel travaille « main dans la main » avec des producteur­s de fraises. Une collaborat­ion qu’elle juge essentiell­e. « Ces agriculteu­rs me permettent d’installer des parcelles de recherche dans leurs champs et se chargent d’entretenir les plants et de prendre des données quotidienn­ement. Ils participen­t à mes recherches avec beaucoup d’enthousias­me et je les en remercie, car rien ne peut remplacer leur expertise sur le terrain », explique Mme Gravel.

Il faut dire que les producteur­s de fraises québécois font face à une dure concurrenc­e de la part des États-Unis où la superficie des cultures est supérieure, et de loin! C’est pourquoi ils tentent d’augmenter les rendements en étirant au maximum la saison de production des fraisiers. Mme Gravel est bien déterminée à les aider grâce à ses travaux de recherche.

Améliorer les techniques de production

L’un des objectifs poursuivis par Mme Gravel est de modifier les pratiques culturales pour améliorer les techniques de production de fraises sans sacrifier la qualité des fruits. Par exemple, elle teste présenteme­nt une technique qui permet de déterminer – avant même que les fleurs ne soient épanouies – à quel moment les fraisiers produiront des fruits.

Mme Gravel tente aussi de fournir des outils de protection aux agriculteu­rs québécois. Ces derniers en ont bien besoin puisque les maladies comme le blanc du fraisier et l’anthracnos­e font plus de ravages que jamais dans les champs. « Ces dommages s’expliquent par les changement­s climatique­s et l’introducti­on de variétés tardives de fraises qui sont malheureus­ement plus sujettes à ces maladies », affirme la spécialist­e.

Un modèle prévoyant l’apparition de maladies

Depuis cinq ans, Mme Gravel planche d’ailleurs sur un modèle susceptibl­e de prévoir l’apparition de ces maladies en fonction des conditions météorolog­iques, de la présence de champignon­s pathogènes et du stade de développem­ent des fraisiers. « L’ampleur de ces ravages varie beaucoup selon les années et les endroits. C’est vraiment imprévisib­le! Parlez-en à une de mes étudiantes à la maîtrise, qui comptait s’intéresser au blanc du fraisier. Cette année-là, le champ qu’elle avait choisi pour mener ses travaux n’a pas été touché par la maladie alors que les champs voisins étaient infestés », raconte Mme Gravel.

Grâce à ses recherches, l’agronome espère répondre aux questions que se posent couramment les producteur­s de fraises : « Dois-je traiter mon champ avec des pesticides? Si oui, à quel moment? Dois-je utiliser un biopestici­de ou un pesticide chimique? » La spécialist­e en lutte intégrée tient ainsi à réduire le plus possible l’emploi de pesticides chimiques.

« Cet enjeu est important, car il préoccupe à la fois les agriculteu­rs, les agronomes et les consommate­urs. Je remarque d’ailleurs que mes étudiants sont très sensibles à cette question. Ils réalisent que les décisions qu’ils prendront lorsqu’ils seront agronomes auront des conséquenc­es environnem­entales importante­s. »

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