La Terre de chez nous

Nos alliés, les vers de terre

- NATHALIE KINNARD Agence Science-Presse

« Les vers de terre ne sont pratiqueme­nt pas tuables, dit en riant Joann Whalen, professeur­e et chercheuse au Départemen­t des sciences des ressources naturelles à l’Université McGill. Et c’est bien ainsi! » Ce sont de précieux alliés pour les agriculteu­rs. On savait déjà qu’en creusant leurs tunnels, ils labourent et aèrent le sol. Les travaux de cette agronome révèlent que les vers de terre sont, en plus, d’excellents indicateur­s de la porosité d’un sol avec leur réseau de minigaleri­es jouant le rôle d’un système de drainage naturel.

« Il faut favoriser la présence des vers de terre dans les champs », affirmet-elle. Comment? En ajoutant de la matière organique dont ces insectes sont particuliè­rement friands et en limitant autant que possible le travail de compaction du sol. « C’est la seule chose qui nuit aux vers de terre, car la machinerie peut détruire et bloquer les galeries qu’ils creusent. »

Impact des vers de terre

Alors qu’elle travaillai­t à peaufiner des modèles de gestion de l’eau et des nutriments dans différents champs du sud du Québec, la chercheuse s’est aperçue de l’impact des vers de terre sur le cycle de l’eau.

« En laboratoir­e, nous avons arrosé des échantillo­ns de sol avec de l’eau colorée afin de suivre et de quantifier le transport de l’eau et des nutriments dans les champs, raconte-t-elle. C’est alors que nous avons constaté que les galeries creusées par les vers de terre facilitaie­nt le drainage et ralentissa­ient le ruissellem­ent des nutriments à la surface des sols argileux. » Inversemen­t, dans les champs où ils étaient absents ou presque, l’eau s’infiltrait moins bien et la perte de nutriments par ruissellem­ent s’accentuait.

Ce constat est particuliè­rement intéressan­t, car les sols argileux représente­nt un véritable défi pour les producteur­s au retour du printemps : gorgés d’eau, ils sont difficiles à travailler. Plusieurs recourent donc à un système de drainage artificiel pour sortir le trop-plein d’eau. Le hic, c’est qu’une bonne partie de l’engrais épandu est également évacué par le drain agricole, se retrouvant souvent dans les cours d’eau environnan­ts où certains éléments, comme le phosphore, contribuen­t à la formation excessive d’algues.

La chercheuse suggère donc aux producteur­s de laisser un lopin de terre non cultivé entre le champ et le drain agricole. Cette zone tampon captera une partie des nutriments évacués. Et pour s’assurer d’avoir une terre bien enrichie et mieux drainée, pourquoi ne pas encourager la présence des vers de terre?

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 ??  ?? Les galeries ou tunnels creusés par les vers de terre permettent à l’eau et aux nutriments de s’infiltrer dans les sols argileux.
Les galeries ou tunnels creusés par les vers de terre permettent à l’eau et aux nutriments de s’infiltrer dans les sols argileux.

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