« Il faut paniquer »
LA PRAIRIE — Les agriculteurs avaient le moral dans les talons lors de l’assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA de la Montérégie du 4 octobre, mais plusieurs sont venus au micro pour inciter les troupes à se battre afin de contrer les effets de l’Accord États-Unis– Mexique–Canada (AEUMC).
Les discussions se sont intensifiées après le message télédiffusé du président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau. Ce dernier venait de rencontrer Justin Trudeau à Montréal et mentionnait aux producteurs de ne pas paniquer. Une fois la vidéo terminée, un silence s’est emparé de la salle bondée de producteurs.
« Moi, je crois au contraire qu’il faut paniquer. La situation est grave. Il faut réagir », a dit l’agricultrice Lise Tremblay. Au micro, elle a expliqué que l’impact sur les entreprises d’oeufs d’incubation et de volailles comme la sienne n’était pas assez souligné. « Je sonne l’alarme », a-telle martelé.
Le producteur de lait Yvon Boucher n’a pas ménagé ses mots envers Justin Trudeau. « Il nous a carrément vendu. C’est inacceptable. […] Il n’a pas eu le coeur d’imposer au moins des exigences sur le lait qui va entrer. […] Le plus odieux, c’est qu’on n’aura même pas le droit d’exporter de leur bord [États-Unis] », a exprimé M. Boucher, président des Producteurs de lait de Montérégie-Est. Du même souffle, il a invité les agriculteurs à manifester. « Si 4 % de lait c’est rien [pour M. Trudeau], 4 % de fumier à Ottawa, il verra comment ça sent. Il faut un plan d’action, car dans trois mois, on n’en parlera plus, mais on en vivra les conséquences et nos enfants aussi », a-t-il soutenu.
Un autre producteur est venu au micro pour suggérer de s’allier aux métallos, par exemple, d’autres mécontents de l’entente, pour obtenir un meilleur rapport de force dans les revendications.
Détresse psychologique
Danièle Tremblay, directrice adjointe de l’organisme Au coeur des familles agricoles, a secoué l’audience avec son intervention. « Il faut prendre soin de notre monde et ça presse! » a-t-elle précisé. Selon elle, les deux tiers des demandes d’aide psychologique sont effectués par des productrices et producteurs laitiers. « Le téléphone sonne et on le voit dans les agendas des travailleuses de rang, l’entente [de l’AEUMC] a un impact. Ce n’est pas juste ça qui préoccupe les agriculteurs, mais il faut faire quelque chose », a-t-elle mentionné.
Les producteurs présents ont voté une résolution extraordinaire demandant d’accentuer rapidement et de maintenir la pression sur le gouvernement fédéral tant que les producteurs ne seront pas satisfaits des conditions de l’entente.
« Il faut prendre soin de notre monde et ça presse! » – Danièle Tremblay