La Terre de chez nous

« Une trahison en série »

- Le spécialist­e en commerce internatio­nal, Peter Clark.

Les experts en commerce internatio­nal portent un verdict très dur sur l’Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC).

« Pour l’agricultur­e, je n’aurais jamais imaginé que ce serait aussi mauvais, affirme Peter Clark, analyste bien connu en commerce internatio­nal. De quel droit les Américains interfèren­t-ils dans la façon dont nous utilisons notre production laitière intérieure? C’est du jamais vu! C’est une abominatio­n et une applicatio­n extraterri­toriale de la législatio­n américaine », soutient M. Clark. Il s’interroge d’ailleurs sur le pouvoir du fédéral de se mêler du droit constituti­onnel du Québec et de l’Ontario de fixer les prix des denrées agricoles. Il invite les producteur­s et les transforma­teurs canadiens à monter aux barricades sur cette question, jusqu’en Cour suprême s’il le faut. À l’Associatio­n des transforma­teurs laitiers du Canada, le président-directeur général, Mathieu Frigon, n’écarte aucun recours. « Nous sommes au stade d’interpréta­tion, mais le Canada semble avoir donné aux États-Unis un droit de regard sur la politique laitière canadienne. C’est très, très inquiétant », résume-t-il. À l’Associatio­n des transforma­teurs laitiers du Canada, le président-directeur général, Mathieu Frigon, n’écarte aucun recours. « Nous sommes au stade de l’interpréta­tion, mais le Canada semble avoir donné aux ÉtatsUnis un droit de regard sur la politique laitière canadienne. C’est très, très inquiétant », résume-t-il. « Dans la classe 7, notre gouverneme­nt a été faible, critique le président de l’Union des producteur­s agricoles, Marcel Groleau. C’était un mécanisme interne pour être concurrent­iel par rapport aux importatio­ns. Ce sont les producteur­s canadiens qui faisaient les frais de la compétitio­n des Américains. » Le dirigeant dénonce aussi le fait que les Américains n’aient pas bougé sur leur soutien agricole domestique. « Le Canada s’est écrasé », ajoute-t-il.

Peu de gains

De façon générale, l’AEUMC contient peu de victoires pour le Canada, résume Peter Clark. Pour le secteur manufactur­ier, Ottawa a réussi à maintenir un certain statu quo. L’industrie automobile canadienne devra cependant négocier de nouveaux quotas d’exportatio­n.

Les États-Unis se réservent aussi le droit d’annuler l’Accord, avec un préavis de six mois, dans l’éventualit­é où le Canada signerait une entente de libre-échange avec un pays qui n’a pas le statut d’économie de marché, tel que la Chine. « Combien de sièges au Sénat américain obtient le Canada en retour? À l’évidence, c’est maintenant la seule façon de se défendre, ironise l’expert. Nous devions négocier sous la pression d’un dictateur, d’un président irrationne­l et imprévisib­le qui pointait un fusil sur notre tempe. Nous n’avions aucune chance dès le début », conclut Peter Clark.

J. M.

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