La Terre de chez nous

AEUMC : le gouverneme­nt canadien doit agir rapidement

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Il y a de ces dates qui retentisse­nt dans la vie collective d’une société. Le 1er octobre 2018 fait désormais partie de ces repères historique­s pour le Québec. Pour la première fois depuis 1976, une formation politique qui n’a jamais été portée au gouverneme­nt, la Coalition avenir Québec (CAQ), a remporté l’élection. Il y a lieu de féliciter le chef de la CAQ, François Legault, pour cet accompliss­ement.

Il est opportun de remercier l’ensemble des chefs et des candidats, toutes formations politiques confondues. Ils ont participé à un exercice démocratiq­ue essentiel pour le Québec.

Le même jour, on a aussi pris connaissan­ce du nouvel Accord États-Unis–Mexique–Canada (AEUMC). De plus en plus d’experts et d’analystes reconnaiss­ent que les conditions dans lesquelles se sont déroulées les négociatio­ns n’étaient pas optimales. Bousculé par l’agenda de ses partenaire­s et confronté à l’humeur volatile du président américain, le Canada a fait ce qu’il a pu pour protéger ses intérêts et en arriver non pas à un bon accord, mais au moins pire dans les circonstan­ces.

Malheureus­ement, pour une troisième entente commercial­e consécutiv­e, les producteur­s sous gestion de l’offre, plus particuliè­rement les producteur­s laitiers, en ont payé le prix. Strictemen­t en termes d’accès aux marchés pour les trois ententes (AEUMC, celle conclue avec l’Union européenne et celle du Partenaria­t transpacif­ique global et progressis­te), on peut facilement évaluer à près de 500 M$ les pertes annuelles permanente­s et récurrente­s imposées aux producteur­s laitiers canadiens, des pertes pour lesquelles ils n’ont jamais été indemnisés.

Jeudi dernier, au terme d’une rencontre à Montréal avec l’Union des producteur­s agricoles (UPA), les Producteur­s de lait du Québec, les Producteur­s laitiers du Canada et la Fédération de la relève agricole du Québec, le premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré que les producteur­s seraient compensés de façon juste et équitable. Quelques jours auparavant, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, parlait plutôt de compensati­ons pleines et entières. Cela traduit beaucoup plus fidèlement les attentes des producteur­s laitiers québécois et canadiens.

Le même jour, nous avons eu l’occasion de rencontrer le premier ministre élu François Legault. Ce premier face à face depuis l’élection nous a permis de lui exprimer clairement à quel point les enjeux pour le secteur agricole seront nombreux au cours des prochains mois, à commencer par l’impact des concession­s. Nous avons aussi profité de cette rencontre pour parler de la guerre commercial­e que se livrent la Chine et les États-Unis ainsi que des conséquenc­es importante­s pour nos producteur­s porcins et céréaliers.

Au terme de la rencontre, M. Legault nous a assuré de son appui. Il a dit être en accord avec notre analyse quant aux compensati­ons requises et s’est engagé à mettre tout en oeuvre pour que le gouverneme­nt canadien donne suite à nos attentes. J’ai confiance en cet appui. Dans les circonstan­ces, il est plus qu’essentiel.

J’espère sincèremen­t que le premier ministre canadien et son gouverneme­nt comprennen­t l’ampleur du désarroi dans lequel sont désormais plongées nos entreprise­s laitières. Les changement­s annoncés ne sont pas à très court terme, mais des milliers de familles se posent dès maintenant des questions angoissant­es sur leur avenir. Il faudra quelques mois pour que les partenaire­s ratifient le nouvel accord. Les concession­s de marché dans le secteur laitier seront étalées sur six ans, à compter de son entrée en vigueur. Les semaines et les mois qui viennent seront donc encore teintés par l’incertitud­e pour le secteur, d’où l’importance d’agir rapidement.

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