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Les nouvelles normes angoissent les éleveurs de sangliers

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

Les éleveurs de sangliers doivent respecter de nouvelles normes concernant les enclos depuis le 6 septembre. Des mesures qui pourraient en obliger plusieurs à investir des sommes considérab­les qu’ils n’ont pas, affirme le président de l’Associatio­n des producteur­s de sangliers du Québec, Frédéric Poudrette.

« Mon enclos mesure 20 acres. Si le gouverneme­nt juge que ma clôture est non conforme, je devrai en installer une nouvelle qui me coûtera 45 $ le mètre linéaire; une facture d’environ 160 000 $, calcule le président. On ne roule pas sur l’or dans le secteur du sanglier. À ce prix-là, plusieurs risquent d’abandonner la production. » Le ministère de la Faune du Québec dit avoir renforcé les normes concernant les enclos afin d’éviter l’évasion de sangliers, une espèce exotique envahissan­te. Le ministère précise qu’au moins une évasion de sangliers d’élevage lui est signalée chaque année.

Droit acquis

La nouvelle réglementa­tion exige l’installati­on d’une clôture minimaleme­nt de calibre 10 dans sa partie inférieure, mesurant 1,8 m hors sol et se prolongean­t à 90 cm sous la surface de la terre. Si le propriétai­re ne veut pas enfouir sa clôture aussi profondéme­nt dans le sol, il dispose de différente­s options, comme celle d’installer une double clôture incluant l’ajout d’une broche électrique. Toutefois, ceux qui possédaien­t déjà des élevages avant l’applicatio­n de la réglementa­tion peuvent bénéficier d’un droit acquis qui ne les obligerait pas à se plier à ces nouvelles normes.

« Les agents de la faune vont venir nous visiter et nous dire si notre clôture actuelle est conforme ou non. Mais quand on demande sur quelles normes ils vont se baser, la réponse demeure floue. Aussi, si nous devons refaire un bout de clôture, on suit quelle norme? » questionne M. Poudrette. Catherine Ippersiel, relationni­ste au ministère, affirme que ces nouvelles normes « sont mesurables et facilement applicable­s de façon objective ». Un agent de protection de la faune visitera éventuelle­ment les fermes et statuera sur la désuétude de la clôture. L’agent pourra faire appel à un expert. Si l’installati­on est jugée non conforme ou que le propriétai­re veut rénover plus de 50 % de sa surface, il devra respecter les nouvelles normes. À noter que les enclos d’élevages de sanglichon­s, des animaux issus d’un croisement entre un sanglier et un porc, sont soumis aux mêmes règles que celles concernant les sangliers.

Permis et étiquettes

Une autre nouveauté importante : l’obligation de détenir un permis pour toute personne qui veut garder en captivité un ou des sangliers. Les élevages qui sont enregistré­s comme entreprise agricole au ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ) en sont toutefois exemptés. Le permis coûte 150$ par année et le détenteur doit aviser le MAPAQ qu’il possède des sangliers.

Autre mesure : tout sanglier de plus de six mois doit porter une étiquette affichant un numéro d’identifica­tion individuel­le.

Le ministère de la Faune relève au moins une évasion de sangliers d’élevage chaque année.

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Les nouvelles normes dans l’élevage de sangliers sont beaucoup plus sévères, notamment en ce qui concerne l’aménagemen­t des clôtures.

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