La Terre de chez nous

Mise en marché du houblon : « Il faut se battre! »

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

La culture du houblon gagne en popularité : des entreprise­s démarrent tandis que d’autres agrandisse­nt leurs superficie­s. Mais la mise en marché demeure fragile.

« Il faut travailler fort pour se faire connaître auprès des brasseurs [de bière] et concurrenc­er le houblon américain. Certaines microbrass­eries sont prêtes à payer un peu plus pour du houblon québécois, d’autres pas », mentionne Steve Lemay, copropriét­aire de la houblonniè­re Ferme Double L.L. à Saint-Édouard-de-Lotbinière, près de Québec. Le choix des variétés influence aussi la mise en marché, étant donné qu’un plant prend trois ou quatre ans avant d’entrer en production. Si la variété choisie devient moins prisée des acheteurs, les ventes sont plus difficiles.

Les grands brasseurs

L’essor que connaissen­t les microbrass­eries québécoise­s et la demande pour du houblon local au goût distinct encourage Steve Lemay à augmenter ses superficie­s en culture. Il envisage de faire passer sa production de houblon de 14 000 à 50 000 plants lors des sept prochaines années. Pour que le houblon québécois passe à la vitesse supérieure, il faudra que les grands brasseurs québécois en achètent davantage. « Pour l’instant, les grosses brasseries n’en prennent pas beaucoup de nous. Elles ont peur qu’on soit incapables de les fournir toute l’année avec un produit de qualité. Pourtant, la qualité du houblon québécois est vraiment très bonne maintenant », assure-t-il.

Le président de Houblon Québec, Luc Fortin, confirme ces propos. « On s’est dotés de normes de qualité, notamment lors du séchage. On ne dépasse pas une certaine températur­e pour ne pas diminuer la saveur du houblon. Je dirais que depuis cinq ans, environ 80 % des producteur­s livrent un houblon de meilleure qualité que celui des Américains », note M. Fortin. Comme autre stratégie de mise en marché, certains agriculteu­rs regroupent et mélangent leurs récoltes; une façon d’offrir des volumes de houblon au goût plus uniforme. Cela permet de vendre du houblon québécois ailleurs au Canada, et même au Brésil.

Le départ est exigeant

À Beloeil, en Montérégie, Daniel Coupal est satisfait de sa récolte 2018 : il a obtenu 1 250 kg de houblon avec ses 4 000 plants. Il a déjà vendu toute sa récolte. « C’est rentable le houblon, mais plusieurs se lancent en production et je ne sais pas s’ils vont tous réussir. Il y a des gens qui réduisent les prix actuelleme­nt », fait-il remarquer.

À Berthiervi­lle, Marilyne Hudon a travaillé pratiqueme­nt tout l’été à la culture du houblon. Après quatre ans, il s’agit de la première « vraie » récolte de sa jeune entreprise nommée Le Baron du houblon. « Nous sommes contents du rendement, mais c’est beaucoup de travail et d’investisse­ment les premières années. Il faut être patient et ne pas lâcher ». L’agricultri­ce s’est rendue au Vermont pour acheter une récolteuse mécanique usagée. « On n’avait pas le choix! À la main, on récoltait un plant à l’heure, tandis qu’avec une machine, c’est 80 plants à l’heure », explique celle qui cultive 3200 plants.

Denis Fortin, de Houblon Québec, affirme qu’une culture de près de 4 000 plants peut représente­r un investisse­ment allant jusqu’à 180 000 $.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada