La Terre de chez nous

Les priorités qui attendent le (la) futur(e) ministre de l’Agricultur­e

- MARCEL GROLEAU

Le nouveau premier ministre du Québec François Legault dévoilera la compositio­n de son conseil des ministres le 18 octobre. À cette occasion, il confiera un mandat à chacun de ses ministres, incluant le prochain titulaire du ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on. L’économie sera sûrement au coeur des directives de M. Legault puisque cela a été un thème majeur de la Coalition avenir Québec (CAQ) lors de la campagne électorale.

Ici comme ailleurs sur la planète, la demande alimentair­e est en croissance et se diversifie, ce qui ouvre des opportunit­és intéressan­tes. Le Québec dispose de ressources naturelles de qualité (terre et eau) qui lui permettent d’en profiter, si l’on accompagne les entreprise­s agricoles. Selon des estimation­s conservatr­ices, on pourrait accroître de 30 % sur 10 ans les recettes agricoles. Cette production supplément­aire profiterai­t à toute la filière dans chacune des régions du Québec. Mais avant de parler de croissance, voilà les priorités qui attendent le (la) futur(e) ministre.

Le nouvel Accord États-Unis– Mexique–Canada et la guerre commercial­e que livrent les États-Unis à la Chine viennent en tête de liste des priorités. Les trois principale­s production­s agricoles québécoise­s, c’està-dire le lait, le porc et les grains, sont déjà directemen­t touchées ou le seront bientôt. Le nouveau gouverneme­nt devra être très attentif et agir rapidement pour accompagne­r les production­s.

La réforme du Programme de crédit de taxes foncières agricoles est un autre dossier urgent qui requiert des actions rapides. En 2019, c’est une facture supplément­aire de 30 M$ qui attend les producteur­s. Dès son arrivée, le nouveau ministre devra adopter des mesures concrètes pour faire face à cette problémati­que. On doit régler ce dossier une fois pour toutes.

La mise en oeuvre du plan vert agricole réclamé par l’Union des producteur­s agricoles pendant la campagne doit être une priorité pour le nouveau gouverneme­nt. La protection de l’environnem­ent fait très largement consensus au sein de la société québécoise et parmi les producteur­s.

La réduction de l’usage des pesticides, la levée du moratoire sur les superficie­s en culture, la protection des milieux humides, la promotion et le soutien du secteur biologique ainsi que le développem­ent et l’accès aux terres noires sont des enjeux qui ne doivent pas être mis en opposition avec la croissance du secteur agricole. Il est possible d’accroître la production dans le respect de l’environnem­ent. La rétributio­n des biens et services environnem­entaux, plutôt qu’une approche strictemen­t coercitive, est une avenue intéressan­te.

L’investisse­ment en agricultur­e passe par La Financière agricole du Québec (FADQ), car la capacité à faire face aux risques inhérents aux marchés et aux soubresaut­s de mère Nature constitue la première condition pour investir dans une ferme. La FADQ doit être dotée d’un budget à la hauteur des ambitions du gouverneme­nt pour la croissance du secteur agricole. Elle doit aussi avoir le mandat clair de soutenir et de stimuler le développem­ent et les investisse­ments en agricultur­e.

L’accès difficile aux terres agricoles et leur accapareme­nt par des investisse­urs et des fonds d’investisse­ment sont des phénomènes mondiaux. Le Québec n’y échappe pas, comme le montrent les récentes statistiqu­es de ventes et d’achats de terres. Nous avons une loi pour les protéger. Il faut maintenant encadrer l’appétit féroce des grands acquéreurs qui accaparent de grandes superficie­s au détriment des jeunes et des familles agricoles, qui constituen­t le tissu social de nos régions.

La pénurie de main-d’oeuvre frappe tous les secteurs économique­s, particuliè­rement dans nos régions. Le Programme des travailleu­rs étrangers temporaire­s est souvent la seule solution de rechange pour les entreprise­s agricoles. Il faut continuer d’en faciliter l’accès. L’augmentati­on rapide du salaire minimum est aussi un enjeu, mais la position de la CAQ à ce sujet est plus nuancée.

Voilà donc de beaux défis pour un secteur qui offre d’intéressan­tes opportunit­és de croissance. Comme le disait le slogan de M. Legault et de la CAQ lors de la campagne : c’est « maintenant »!

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