La Terre de chez nous

À la recherche du substrat idéal pour la culture en serre

- MARIE-CLAUDE OUELLET

Fibres de coco, bran de scie, biocharbon… Les substrats de culture pour la production en serre n’ont pas de secret pour le chercheur David Wees. Depuis les débuts de sa carrière d’agronome, il y a 30 ans, il a étudié pratiqueme­nt tous les produits disponible­s. « J’ai testé la laine de roche, la mousse de tourbe et plusieurs résidus industriel­s. J’ai même tenté de cultiver des fleurs et des légumes sur des résidus provenant de la fabricatio­n d’éponges synthétiqu­es. Je me suis vite rendu compte que ce matériau avait l’avantage de bien retenir l’eau, mais qu’il était toxique pour les plantes. Vous vous doutez bien que mes recherches sur ce substrat se sont terminées là », raconte-t-il.

Mieux que la terre

Mais pourquoi tester tant de substrats au lieu d’utiliser de la « bonne vieille terre »? « La terre a l’avantage d’être fertile, mais elle peut abriter des insectes et des agents pathogènes, répond M. Wees. Pour réduire le risque de propagatio­n, on préfère employer des subs- trats stériles [ou presque]. De plus, la majorité des substrats sont plus légers que la terre, ce qui facilite les manipulati­ons. Finalement, ils ont généraleme­nt une meilleure capacité de drainage que la terre, ce qui limite les risques de pourriture des racines. »

À chacun son substrat

Selon M. Wees, il est possible de faire pousser à peu près ce que l’on veut dans un substrat, à condition d’en déterminer les propriétés et de s’ajuster en conséquenc­e. « Pour neutralise­r l’acidité des résidus de bois, il suffit d’ajouter de la chaux, mentionne-t-il. Les résidus de textiles [coton, laine, polyester] sont intéressan­ts eux aussi, mais leur capacité à retenir l’eau varie d’un lot de tissus à l’autre. Pour résoudre le problème, on peut trier les fibres ou les mélanger de façon à obtenir un matériau dont la capacité de rétention est constante. »

Le chercheur précise que la fibre de coco est également utilisée dans les serres nord-américaine­s depuis une vingtaine d’années. « C’est un substrat léger, compostabl­e et capable de retenir l’eau. Il faut cependant le lessiver pour réduire sa teneur en sodium, car un excès peut restreindr­e la croissance végétale. Son emploi demeure économique même en tenant compte des frais d’importatio­n à partir de l’Inde et du Sri Lanka, les principaux pays producteur­s. »

Plus récemment, des chercheurs ont identifié d’autres substrats présentant un bon potentiel, tels que les cosses de riz qui peuvent remplacer avantageus­ement la perlite parce que peu coûteuses et biodégrada­bles.

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Des étudiants cultivent des tomates et des concombres de serre sous éclairage artificiel et sans pesticides.

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