La Terre de chez nous

Une nouvelle tuile s’abat sur le lait de chèvre

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

MONTÉRÉGIE — « C’est simple, leur décision [de Liberté et d’Agropur] va tuer ma ferme. Mon élevage, ce n’est pas juste une job. C’est ma vie, celle de ma conjointe et de mes enfants », a témoigné avec douleur le producteur de lait de chèvre Clément Caouette.

Ce cri du coeur, l’agriculteu­r l’a lancé après que Liberté eut signifié son intention de ne prendre aucun volume en 2019. Une annonce qui survient trois semaines après celle d’Agropur, résolue à fermer son usine fromagère Damafro, de Saint-Damase. Le président des Producteur­s de lait de chèvre du Québec, Christian Dubé, estime que ces deux décisions laissent invendus 4 millions de litres de lait de chèvre et met en péril près de 20 % de tous les élevages détenant des contrats de vente, lesquels produisent un total de 10 millions de litres. « Jamais, en 25 ans, je n’ai vu deux gros joueurs vouloir nous lâcher de la sorte et nous dire : “Organisez-vous avec vos troubles” », dénonce M. Dubé.

À l’abattoir

Clément Caouette vend toute sa production à ces deux transforma­teurs, sans réelles possibilit­és de la livrer ailleurs. Le non-renouvelle­ment de ces contrats d’approvisio­nnement, dont l’échéance est fixée au 1er novembre, signifiera­it pour lui la fin de sa production et l’envoi de ses animaux à l’abattoir. « Ça va être assez désolant merci. […] On essaie de monter une ferme, de former une relève… Ç’a l’air qu’il n’y a plus de place pour nous autres. Peut-être qu’il y a de la place pour les autres [les éleveurs de l’Ontario], mais pas pour nous autres », a dénoncé l’éleveur.

La vidéo de son message diffusé sur le compte Facebook de La Terre avait atteint 287 000 personnes et avait été partagée par 3 500 internaute­s au moment d’écrire ces lignes. La diffusion est telle que des responsabl­es d’émissions de télévision l’ont par la suite approché. Des consommate­urs et des gens d’affaires ont également offert leur soutien.

Du positif

Tout n’est pas noir pour l’industrie caprine. Des fromagerie­s artisanale­s et d’autres entreprise­s de transforma­tion continuent d’acheter du lait de chèvre québécois. Rappelons aussi que Saputo, qui avait décidé de ne plus s’approvisio­nner en lait de chèvre auprès des producteur­s d’ici, a récemment changé d’idée. Il prendra effectivem­ent des volumes en 2019 puisque les producteur­s se sont engagés à diminuer leur prix de 2,5 % en 2019 et de 2,5 % en 2020, tout en mettant en place un système d’améliorati­on de la qualité du lait.

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 ?? Clément Caouette et sa conjointe Amélie Lapierre avaient pour projet d’investir 850 000 $ dans une nouvelle étable de chèvres laitières. Ils devront plutôt cesser complèteme­nt leurs activités si Liberté et Agropur n’achètent plus de lait de chèvre du Québ ??
Clément Caouette et sa conjointe Amélie Lapierre avaient pour projet d’investir 850 000 $ dans une nouvelle étable de chèvres laitières. Ils devront plutôt cesser complèteme­nt leurs activités si Liberté et Agropur n’achètent plus de lait de chèvre du Québ

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