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Les vaches laitières s’adaptent bien aux canicules

- MARIE-CLAUDE OUELLET Agence Science-Presse Santiago Palacio a étudié l’impact des ombrières sur les vaches laitières au cours de sa maîtrise. Il est présenteme­nt étudiant au doctorat dans le laboratoir­e d’Elsa Vasseur à l’Université McGill.

À la vue d’un troupeau de vaches broutant sous un soleil de plomb et une chaleur accablante, nous avons été nombreux, cet été, à nous poser la même question : ces animaux souffrent-ils, eux aussi, de la chaleur estivale?

Pour Elsa Vasseur, spécialist­e du bienêtre des vaches laitières, nul doute que les vaches s’en tirent à bon compte. Une conclusion à laquelle la chercheuse est arrivée après avoir testé, il y a quelques années, l’effet des ombrières mobiles sur la températur­e corporelle, la production de lait et le comporteme­nt des vaches.

Comment les vaches utilisent les ombrières

Pendant huit semaines, durant la période la plus chaude de la journée, entre 11 h 30 et 15 h 30, Mme Vasseur et ses collègues ont observé 24 vaches de race Holstein en lactation dans un pâturage. La moitié des bêtes avaient accès à de l’ombre et l’autre, non. « En guise de parasols, nous avions employé des ombrières mobiles, ce qui était vachement plus pratique que de s’en remettre aux arbres, raconte-t-elle. Nous avons alors remarqué que les vaches utilisaien­t les ombrières environ la moitié du temps au cours des heures de pics de chaleur. Mais surtout, nous n’avons pas trouvé de différence sur la production laitière ni sur la températur­e corporelle entre les vaches ayant accès ou non à l’ombre, et ce, même durant la semaine la plus chaude de l’étude. »

Des championne­s de la régulation thermique

Les vaches excellent à contrôler leur chaleur corporelle, explique Mme Vasseur. « En fait, tant que l’indice humidex moyen sur 24 heures est en dessous du seuil de confort des vaches (voir les chiffres ci-contre), les moments les plus frais de la journée (nuit, aube et crépuscule) permettent aux bêtes de dissiper le surplus de chaleur accumulé durant les heures les plus chaudes. Mais lorsque l’indice humidex moyen sur 24 heures dépasse leur seuil de confort, les vaches qui n’ont pas accès à l’ombre modifient leur comporteme­nt, en passant plus de temps debout (pour dissiper la chaleur) et à l’abreuvoir. Curieuseme­nt, les vaches ne semblent pas boire davantage, mais plutôt jouer dans l’eau, vraisembla­blement pour se rafraîchir. »

Conseils aux éleveurs

« Les résultats de cette recherche remettent sérieuseme­nt en cause la croyance voulant qu’on doive garder les vaches laitières à l’intérieur par temps chaud, soutient Mme Vasseur. D’autres recherches ont montré que la production laitière pouvait être affectée lorsque l’indice humidex est supérieur au seuil de confort des vaches. Durant ces journées exceptionn­elles, il faudrait fournir de l’ombre aux animaux. Évidemment, les gestionnai­res de troupeaux laitiers doivent s’en remettre à leur jugement. Ainsi, durant une canicule, ils devraient éviter de sortir les vaches dans une cour en béton noir, sans accès à de l’ombre ni à de la nourriture », illustre-t-elle. * Elsa Vasseur est professeur­e adjointe au départemen­t des sciences de l’Université McGill et titulaire de la chaire de recherche industriel­le CRSNG-Novalait-PLC-Valacta sur la vie durable des bovins laitiers.

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