La Terre de chez nous

Moins de raisins cette année

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@laterre.ca

Alors que les vendanges tirent à leur fin, les vignerons constatent qu’ils ont récolté moins de raisins qu’à l’habitude, même si la qualité y est. Pendant ce temps, les consommate­urs sont de plus en plus nombreux à boire des vins québécois, à un point tel que plusieurs réserves sont à sec.

Les viticulteu­rs ont connu une baisse d’environ 30 % du volume habituel, estime Yvan Quirion, de l’Associatio­n des vignerons du Québec (AVQ). Celui qui est aussi propriétai­re du Vignoble du Domaine Saint-Jacques en Montérégie blâme la combinaiso­n de nuits très froides et d’un redoux l’hiver dernier. La chaleur soutenue durant l’été a également affaibli la capacité de production des vignes.

Soubresaut­s du climat

« C’est la première fois en 20 ans que c’est radical de même », renchérit André Lauzon, copropriét­aire du Vignoble Les Vents d’Ange à Saint-Joseph-du-Lac, dans les Laurentide­s. Les bourgeons ont été affectés par le premier gel survenu à la mi-décembre, soit plus tôt qu’à l’habitude. « Mes vignes n’ont pas eu le temps de s’acclimater », déplore celui qui cultive des hybrides américains.

Alors qu’il récolte habituelle­ment environ huit tonnes de raisin par hectare, M. Lauzon n’a pas réussi à atteindre la moitié de ce volume. « Dans certains secteurs du vignoble, on était à deux tonnes seulement », précise-t-il. Chose certaine, « l’hiver a été assez fatal », témoigne Théo Voisin, maître de chai au Vignoble Coteau Rougemont. « Les redoux, c’est difficile pour les hybrides. Les bourgeons s’ouvrent en présumant que c’est le printemps », ce qui a déstabilis­é les vignes, poursuit-il.

Ensuite, l’été très chaud a freiné la maturation des raisins en raison du manque d’eau. Au Vignoble Coteau Rougemont, tant les parcelles de frontenac que celles de vitis vinifera, aussi appelés cépages nobles ou européens comme le chardonnay et le pinot noir, en ont souffert. Plusieurs vignerons ont d’ailleurs rapporté avoir eu une grande baisse de régime en lien avec le frontenac, un cépage rustique répandu au Québec, souligne M. Quirion.

Du côté du Vignoble La Bauge à Brigham, en Estrie, Simon Naud est relativeme­nt satisfait du rendement de ses vignes cette année. Celui qui a été l’un des premiers à cultiver du frontenac dès 2000 n’a rien à reprocher à ce cépage. Il a récolté pratiqueme­nt autant de raisins qu’à l’habitude. Par contre, il s’est rendu compte que les fruits contenaien­t moins d’eau au moment de la presse. Malgré tout, « c’est une saison record comme je n’ai jamais vu. Du point de vue qualitatif, on aura des vins assez exceptionn­els », projette-t-il.

« C’est une dure année pour le rendement, mais il y a un buzz sur les vins du Québec. Tout le monde est en rupture de stock! » – Yvan Quirion

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Simon Naud et son équipe du Vignoble La Bauge étaient à pied d’oeuvre pour les vendanges au cours des dernières semaines.

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