La Terre de chez nous

Garde-manger en danger : le 18 novembre, c’est le temps de sortir!

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

L’ampleur des concession­s canadienne­s dans l’Accord États-Unis–Mexique– Canada (AEUMC) a surpris tout le monde. Les secteurs sous gestion de l’offre, particuliè­rement le secteur laitier, ont encore une fois été sacrifiés en faveur, dit-on, d’une « bonne entente » pour le Canada et son secteur automobile. Les concession­s de marché faites aux Américains s’additionne­nt à celles des accords avec l’Europe et les pays du Partenaria­t transpacif­ique.

Pour le lait, au total, c’est l’équivalent d’un mois de production qui sera perdu. Ce lait ne sera pas transformé, ni transporté, ni mis en marché. Ce sont des pertes énormes pour les fermes, pour toute la filière, pour nos économies régionales ainsi que nos fournisseu­rs d’intrants et de services. Est-ce qu’un accord qui aurait entraîné la fermeture pendant un mois des usines automobile­s de l’Ontario aurait été une « bonne entente » pour le Canada? Je vous laisse le soin de répondre.

Les États-Unis obtiennent dans l’AEUMC un droit de regard sur l’élaboratio­n des mécanismes de mise en marché de nos surplus de protéines laitières. C’est une concession qui dépasse tout ce que j’ai vu jusqu’à maintenant dans tous les accords négociés par le Canada.

Les producteur­s laitiers ont réagi fortement et avec raison. Le président des Producteur­s de lait du Québec, Bruno Letendre, a multiplié les entrevues en utilisant des images fortes pour expliquer aux citoyens les conséquenc­es de cet accord. Ce sont des milliers de tonnes de lait, de yogourt, de fromage, de produits de volaille et des millions d’oeufs qui seront importés sur notre marché.

Rapidement, les consommate­urs se sont inquiétés de l’arrivée de ces produits chez nous. Comment les reconnaîtr­e? Seront-ils identifiés? Sont-ils déjà sur nos marchés? Autant de questions qui démontrent la sensibilit­é des consommate­urs à la provenance des aliments qu’ils achètent.

L’AEUMC soulève à nouveau toute la question du respect des normes environnem­entales, sanitaires et sociales canadienne­s et québécoise­s. Nous avons chez nous l’une des réglementa­tions les plus sévères au monde sur ces enjeux importants pour les citoyens du Québec.

Le Canada, contrairem­ent à l’Europe et aux États-Unis, n’est pas très exigeant. Parlez-en aux fromagers québécois. Les règles sanitaires d’ici ont pratiqueme­nt éliminé la confection de fromage au lait cru. On importe pourtant des fromages au lait cru qui ne respectent pas les normes québécoise­s de fabricatio­n.

L’Europe exige que le boeuf canadien respecte ses normes de traçabilit­é et soit élevé sans hormones. Elle a banni les organismes génétiquem­ent modifiés et il en est ainsi pour les céréales importées. Les États-Unis appliquent les mêmes principes.

Comment arriverons-nous à protéger notre panier d’épicerie si, en plus d’accorder des parts de marché, nous n’exigeons pas le respect des normes québécoise­s et canadienne­s pour les produits importés? Cet enjeu touche autant les agriculteu­rs que les citoyens consommate­urs. Les normes québécoise­s ont été fixées pour répondre aux exigences des citoyens. Elles doivent être appliquées aux produits importés.

Le Canada bannira bientôt certains pesticides pour protéger la biodiversi­té. Il va pourtant permettre l’importatio­n de fruits et de légumes produits à l’aide de ces mêmes pesticides. Bien sûr, rien sur l’étiquette n’indiquera que ces fruits et légumes ont été traités avec un pesticide banni au Canada!

Le 18 novembre, une grande marche citoyenne aura lieu à Montréal. Notre garde-manger est en danger. Il faut agir. Les consommate­urs sont prêts à nous accompagne­r. Ils sont choqués des concession­s consenties aux ÉtatsUnis. Ils veulent plus de produits québécois et des aliments importés qui respectent les normes environnem­entales et sanitaires imposées aux agriculteu­rs de chez nous. Il faut profiter de cette conjonctur­e.

Pour sauver notre garde-manger, les agricultri­ces et les agriculteu­rs de chez nous, accompagné­s de leur famille et de leurs voisins et amis, donnent rendez-vous aux citoyens du Québec le 18 novembre prochain à Montréal pour une grande marche. Soyons nombreux à livrer un message clair et fort!

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