La Terre de chez nous

Une oeuvre d’Armand Vaillancou­rt pour les expropriés de Mirabel

- REINE CÔTÉ Collaborat­ion spéciale

MIRABEL — Cinquante ans après l’expropriat­ion des propriétai­res terriens entourant le territoire ciblé pour la constructi­on de l’aéroport internatio­nal de Mirabel, le projet Mémoire collective verra le jour, agrémenté d’une oeuvre du sculpteur Armand Vaillancou­rt.

Le 23 octobre, à Mirabel, l’équipe responsabl­e du projet a lancé une campagne de sociofinan­cement afin d’amasser la somme nécessaire à la création d’une sculpture originale signée par l’artiste québécois de renommée internatio­nale.

C’est avec spontanéit­é que le sculpteur Vaillancou­rt dit avoir accepté de créer une oeuvre illustrant la dure et longue bataille des expropriés.

« C’est par solidarité que je suis ici, assure l’artiste de 89 ans, visiblemen­t en forme. J’ai toujours milité contre l’injus- tice et la cause des expropriés me tient à coeur, car je les ai vus dès le départ avoir à se battre. Leur détresse m’a ému. »

Son oeuvre prendra place sur le terrain de la Maison Jean-Paul Raymond, à Sainte-Scholastiq­ue, où sera aménagé le Centre d’interpréta­tion sur l’expropriat­ion, dont l’inaugurati­on est prévue en mars 2019.

Instauré par Denise Beaudoin, l’ancienne procureure des expropriés, et Françoise Drapeau-Monette, la fille d’expropriés, le projet Mémoire collective recensera de nombreux témoignage­s, documents et photos des gens ayant été touchés en première ligne ainsi que de leurs descendant­s.

Vif traumatism­e

Malgré leur jeune cinquantai­ne, Sylvain Éthier et Christian Couvrette se souviennen­t très bien du déchiremen­t vécu par leur famille à la suite de l’ordre du gouverneme­nt de Pierre-Elliott Trudeau de quitter ferme et maison, un déménageme­nt forcé pour 10 000 à 12 000 habitants. C’était en mars 1969.

C’est aussi l’histoire familiale de plusieurs génération­s d’agriculteu­rs que cet avis d’expropriat­ion venait toucher.

M. Couvrette se rappelle des vols perpétrés dans les maisons récemment vidées. « Il y avait tout un réseau de voleurs pour dévaliser ce qui restait dans les maisons encore debout », relate-t-il.

Sylvain Éthier, lui, se souvient des manifestat­ions de citoyens révoltés, de l’interventi­on de la police antiémeute, de la fermeture des commerces dans son village de Saint-Benoît où était finalement demeurée sa famille malgré l’ordre gouverneme­ntal. Mme Drapeau-Monette garde en mémoire l’image des jeunes pompiers venant s’exercer sur les maisons abandonnée­s. Des images traumatisa­ntes qui font encore monter les larmes aux yeux de chacun d’eux lorsqu’ils se les remémorent.

Pour guérir ces blessures génération­nelles, le devoir de mémoire s’impose, estime l’équipe du comité préparatoi­re du futur centre d’interpréta­tion.

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Armand Vaillancou­rt prévoit ériger un corpus de trois éléments, peut-être même quatre, a laissé savoir l’artiste, déjà en plein processus de création pour souligner le projet Mémoire collective instauré par Denise Beaudoin et Françoise Drapeau-Monette.
 ??  ?? Selon Marcel Denis, président du Syndicat de l’UPA de Sainte-Scholastiq­ue–Mirabel, il reste encore 800 acres dont le sort n’a toujours pas été réglé dans le processus de rétrocessi­on amorcé en 2013.
Selon Marcel Denis, président du Syndicat de l’UPA de Sainte-Scholastiq­ue–Mirabel, il reste encore 800 acres dont le sort n’a toujours pas été réglé dans le processus de rétrocessi­on amorcé en 2013.

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