La Terre de chez nous

Un cri d’alarme

- MARIE-CLAUDE OUELLET Agence Science-Presse La Dre Catherine Potvin étudie l’écologie des forêts tropicales sur le territoire autonome de Kuna de Madugandi, au Panama. Elle porte une peinture corporelle dessinée avec le jus d’un fruit (le jagua) par un mem

Ces derniers temps, l’enjeu des changement­s climatique­s est sur toutes les lèvres. « On en parle beaucoup, mais il faudrait que cela se traduise par des actions. Et ça urge! » lance Catherine Potvin, professeur­e au départemen­t de biologie de l’Université McGill.

Cette experte en matière de changement­s climatique­s déplore aussi le fait qu’on parle trop peu du rôle de l’agricultur­e et de la foresterie pour atténuer le phénomène. « Pourtant, comme l’indique le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (GIEC), le seul moyen de retirer le carbone de l’atmosphère, c’est la photosynth­èse. Par conséquent, nous devrions considérer l’agricultur­e et la foresterie comme nos alliées! C’est d’ailleurs ce qu’ont fait plusieurs pays tropicaux en développan­t des moyens d’emmagasine­r le carbone dans leurs terres agricoles et leurs forêts. On aurait avantage à s’en inspirer », affirme la chercheuse, qui se passionne pour cette question depuis plus de 20 ans.

Stocker le carbone

Parmi les façons de séquestrer le carbone applicable­s chez nous, Mme Potvin cite quelques exemples :

Planter plus de brise-vent sur les terres agricoles de sorte que chaque arbre agisse comme une pompe à carbone;

Reboiser les terres abandonnée­s avec des essences d’arbres intéressan­tes pour la foresterie et pour l’alimentati­on humaine, comme les noyers; Planter en semis direct plutôt qu’en labourant;

Développer la permacultu­re; Payer les agriculteu­rs pour maintenir plus d’arbres sur leurs terres (paiements pour services environnem­entaux).

Les rejets de gaz à effet de serre (GES)

Voici des pistes de solution pour réduire les émissions de GES :

Faire fonctionne­r la machinerie motorisée avec des biocarbura­nts, tel l’éthanol, issus des résidus agricoles ou forestiers;

Utiliser des biodigeste­urs pour produire de l’énergie (électricit­é, gaz naturel) à partir des déjections animales;

Équiper les toits des bâtiments de ferme de panneaux solaires pour qu’ils soient autosuffis­ants en électricit­é. Si, un jour, le Québec décide d’électrifie­r les secteurs du chauffage, de l’industrie et des transports, ces fermes pourront vendre leurs surplus d’électricit­é sur le réseau.

Les agriculteu­rs aux premières loges

Les exemples ci-dessus démontrent qu’il est possible d’adopter des pratiques plus durables tout en en retirant des bénéfices. « Comme je viens d’une famille d’agriculteu­rs, souligne Mme Potvin, je suis consciente qu’il est stressant de changer ses habitudes. C’est pourquoi je souhaitera­is qu’on établisse un réseau de “fermes modèles” qui testeraien­t diverses innovation­s technologi­ques. En les visitant, les producteur­s se familiaris­eraient avec ces techniques. Je crois beaucoup au partage de savoir entre agriculteu­rs. »

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