La Terre de chez nous

Réfléchir à l’agricultur­e de demain

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Le monde change vite; très vite. Si l’on s’y attarde un peu, l’ampleur et la vitesse des changement­s en quelques décennies sont impression­nantes.

Il y a 30 ans, la téléphonie cellulaire était réservée à quelques individus. Le téléphone était utile; maintenant, il est « intelligen­t »! Personne ne connaissai­t le Web. Les ordinateur­s étaient lourds et lents; pas de portables, de tablettes électroniq­ues, ni de médias sociaux. Le commerce « en ligne » se faisait par catalogues et commandes postales. Aujourd’hui, en un clic, on réserve une chambre, un gîte ou un vol n’importe où dans le monde. La science et la technologi­e ont aussi fait leur chemin en agricultur­e. Robotisati­on, agricultur­e de précision, biotechnol­ogie et génomique sont maintenant utilisées couramment.

À l’époque, le Canada signait un premier accord de libre-échange avec les États-Unis. Le bloc soviétique commençait à s’effriter.

Le mur de Berlin vacillait, mais il était encore debout (il est tombé en novembre 1989) . La Chine s’ouvrait lentement sur le monde. La population mondiale dépassait à peine 5 milliards d’individus (7,7 cette année). Ce ne sont que quelques exemples, mais ils révèlent à quel point le monde a changé ces 30 dernières années.

Les mentalités ont changé aussi. Les attentes sociétales ont beaucoup évolué depuis 30 ans. Le bien-être animal, la protection de l’environnem­ent, l’équité entre les sexes et les individus sont des valeurs propres à chaque nation. L’ouverture des marchés et les règles de commerce n’intègrent pas ces valeurs. Est-ce une menace à notre compétitiv­ité? Comment réagiront les citoyens? Les consommate­urs de demain? Seront-ils, oui ou non, de plus en plus nombreux à acheter selon leur conscience, en respect de leurs valeurs?

Les changement­s rapides sont difficiles à intégrer. Certains facilitent notre vie, mais d’autres remettent en question la façon dont nous faisons les choses depuis nombre d’années. D’abord, l’appréhensi­on et la résistance, puis l’adaptation et l’évolution font leur chemin et la génération suivante prend le relais. C’est comme ça depuis toujours sauf que maintenant, c’est à une vitesse folle.

Dans ce contexte, quel est l’avenir du secteur agroalimen­taire québécois? Cette question sera au coeur de la réflexion dans le cadre de la 94e édition du Congrès général de l’Union. Sous le thème « Nourrir en 2048 », en compagnie de plusieurs invités et experts de renom issus d’horizons variés, nous réfléchiro­ns ensemble à l’avenir de notre agricultur­e et de nos régions ainsi qu’à l’évolution des tendances alimentair­es. Une conférence d’ouverture et quatre panels porteront sur l’adaptation aux changement­s environ ne mentaux, les grandes tendances sociétales, l’innovation des pratiques agricoles et l’action collective de demain. Je suis certain que les échanges seront passionnan­ts!

Nous ne pourrons pas tout régler en deux jours. Pour ma part, j’imagine 2048 à travers l’avenir de mes enfants et de leurs descendant­s. Malgré mon âge vénérable à ce moment-là, j’espère bien être en mesure de constater avec étonnement et confiance l’évolution des 30 années précédente­s. J’espère que nos choix auront été les bons pour ceux qui nous suivent. J’espère aussi que malgré les menaces climatique­s et autres, nous aurons laissé en héritage un monde qui permette toujours de rêver.

À tous et toutes, je vous souhaite un excellent congrès général!

Les changement­s rapides sont difficiles à intégrer. Certains facilitent notre vie, mais d’autres remettent en question la façon dont nous faisons les choses depuis nombre d’années.

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