La Terre de chez nous

Agricultur­e urbaine : quel rôle pour les producteur­s traditionn­els?

- ARIANE DESROCHERS adesrocher­s@ laterre.ca

DRUMMONDVI­LLE — Les producteur­s traditionn­els ont aussi un rôle à jouer en agricultur­e urbaine. C’est ce qu’estime Nicolas Ste-Marie, président de La Shop agricole, dédiée à la production urbaine intensive.

En plus de fournir boutures et terreau, les agriculteu­rs traditionn­els représente­nt à ses yeux une précieuse mine d’informatio­ns techniques. « La majorité des gens qui entrent en agricultur­e urbaine semblent tout connaître, dit-il, jusqu’à ce que le mois de juillet arrive, que ça devienne tout jaune et qu’ils perdent tout. On aurait peut-être intérêt à faire des visites et des conférence­s chez des producteur­s qui ont déjà traversé des difficulté­s. »

Signe que l’agricultur­e urbaine a le vent dans les voiles, un espace d’exposition lui a été consacré dans le cadre de l’Expo-FIHOQ 2018, ce grand happening horticole qui a eu lieu à Drummondvi­lle du 14 au 16 novembre.

Rencontrée sur les lieux, l’horticultr­ice responsabl­e de la production au Laboratoir­e sur l’agricultur­e urbaine, Josianne Bilodeau, a fait valoir que ce qui pousse en ville ne représente pas une menace pour les agriculteu­rs traditionn­els. « Moi, sur le toit du Palais des congrès, je ne me mettrai pas à produire des carottes ou des patates, a-t-elle précisé. Ces production­s-là sont dédiées à de grands espaces. » Les murs végétalisé­s qu’elle gère servent plutôt à cultiver des fleurs comestible­s, des fines herbes ou des légumes raffinés destinés entre autres aux chefs de grands restaurant­s. Ainsi, l’agricultur­e de la ville et celle de la campagne lui apparaisse­nt complément­aires.

Une jeune industrie à développer

Loin de craindre la compétitio­n, Nicolas Ste-Marie veut la stimuler. C’est pourquoi il a accepté de prononcer une conférence sur les moyens de lancer une entreprise fiable et rentable en agricultur­e urbaine. « Il nous manque plein de choses ici, assure-t-il. On est au début de ce qu’on peut créer comme industrie. »

Comme les bonnes idées ne sont pas le seul gage du succès, Nicolas Ste-Marie souligne à double trait l’importance d’acquérir une base en administra­tion qui permet de parler le même langage que les clients et investisse­urs potentiels. « Dotez-vous d’un bon chiffrier, insiste-t-il. Notre génération n’est pas administra­tive. Le chiffrier vous donne la vue claire sur la prochaine année. Où vont être vos creux? Ça vous dit que dans six mois, vous allez être mal pris. Préparez-vous ce matin. »

Parmi les services et produits manquants en agricultur­e urbaine au Québec, Nicolas Ste-Marie mentionne la fabricatio­n d’outils recyclés de jardinage. « Je vois beaucoup d’entreprise­s spécialisé­es dans ce domaine partout sur la planète quand je voyage », dit-il, persuadé que le matériel accumulant la poussière dans les cabanons pourrait servir à d’autres jardiniers moins nantis.

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Selon Josianne Bilodeau, du Laboratoir­e sur l’agricultur­e urbaine, les cultures de la ville et celles de la campagne sont complément­aires.

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