La Fédération honore ses bâtisseurs
Le 27 novembre, c’était jour de fête à l’occasion de l’assemblée générale annuelle (AGA) de la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue. Pour souffler ses 50 bougies, l’organisation a honoré ses bâtisseurs tout en rappelant les différents combats qu’elle a menés et qu’elle mène toujours pour la subsistance de l’agriculture en région nordique.
ROUYN-NORANDA — En 1968, l’Union catholique des cultivateurs (UCC) du Témiscamingue et l’UCC du diocèse d’Amos ont fusionné pour former la Fédération de l’UCC du Nord-Ouest qui, en 1976, a pris le nom de la Fédération de l’UPA d’Abitibi-Témiscamingue. Depuis, onze présidents et une présidente l’ont représentée et ils ont tous été honorés lors d’un banquet qui rassemblait près de 200 personnes, à Rouyn-Noranda.
Avec sa verve bien connue, François Gendron n’a pu passer sous le silence les quatre fois où il a coupé un ruban pour annoncer l’ouverture d’un abattoir. « À La Sarre, à Amos, à Ville-Marie et un deuxième à La Sarre, a énuméré l’ancien ministre de l’Agriculture et député d’Abitibi-Ouest. Juste avec Robert Boulet [président de 1977 à 1982], j’en ai coupé trois! Ça avait pris pas mal de revendications conjointes pour obtenir ça et aujourd’hui, en 2018, on a encore le même problème de ne pas avoir d’abattoir de type A. »
Un autre ancien ministre de l’Agriculture, également originaire de l’Abitibi, était aussi de la célébration. Pour Rémy Trudel, les 50 ans de la Fédération démontrent que la solidarité agricole rend possible l’existence des petites unités de production dans les régions. « Aujourd’hui, le lait de la seule ferme qui reste à Rochebaucourt, transporté à Montréal, est exactement au même prix que celui qui l’est de Rouville jusqu’à Montréal. Pourquoi? Parce qu’on a fait de la mise en marché au niveau collectif », a-t-il donné en exemple.
D’ailleurs, les actions collectives ont été au coeur des souvenirs évoqués lors de la célébration, notamment par la voix du conteur et « chevaucheur d’orignal » Guillaume Beaulieu. L’audience s’est entre autres rappelé que sans la mobilisation des producteurs qui ont formé le mouvement des paroisses marginales au milieu des années 1970, l’agriculture pratiquée dans les rangs de l’Abitibi serait probablement disparue, particulièrement à Rochebaucourt, tel que cité par Rémy Trudel.
Quel avenir?
Le 50e anniversaire, qui était célébré lors de l’AGA, était l’occasion de mettre en lumière les enjeux actuels des membres. La liste est longue. Pour éviter l’accaparement des terres abordables de l’Abitibi et du Témiscamingue, l’Union des producteurs agricoles (UPA) se préoccupe du sort des terres laissées en friche. Reboisement? Remise en culture? Dans tous les cas, l’application de la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques pose problème, selon le président Pascal Rheault. « On a 45 % de notre territoire en Abitibi et 24 % au Témiscamingue de milieux humides. Pour nos terres en friche, [la Loi] ne nous permet plus de les améliorer ou de les drainer. Certaines activités agricoles devraient donc être exemptées d’une compensation », a-t-il expliqué.
La Fédération revendique aussi une meilleure adaptation des programmes de gestion de risques aux réalités régionales. Le président général de l’UPA, Marcel Groleau, appuie la région dans sa demande. Il admet cependant que le militantisme passé de l’Union n’a peutêtre pas favorisé les producteurs des régions. « On a beaucoup axé l’aide sur la production. Il faut maintenant soutenir davantage les entreprises pour s’assurer d’une meilleure occupation du territoire. »
L’UPA d’Abitibi-Témiscamingue, c’est 564 fermes et 917 agriculteurs, dont 97 % sont membres de l’Union.