La Terre de chez nous

La vie de Suzie avec les enfants d’une autre

- HÉLEN BOURGOIN, T.E.S.

Lorsque Suzie a rencontré Bastien, un producteur laitier, elle savait que sa vie n’allait plus être la même. Elle a rapidement vendu sa maison en ville pour s’installer dans l’exploitati­on familiale de son conjoint. Son changement de rôle le plus fondamenta­l allait être celui de devenir la belle-mère de deux adolescent­es nées de l’union précédente de Bastien. Vivre avec les enfants de son conjoint constituai­t un beau défi que Suzie a décidé de relever.

Être une belle-mère à la ferme est un sujet très peu abordé. « Avec Bastien, j’ai vécu plusieurs premières fois : premier vêlage, premier train, premier repas en famille et, pour la première fois, j’avais aussi un rôle de quasi-maman. » Elle avoue que ce rôle, avec ses hauts et ses bas, dépasse largement ce qu’elle avait imaginé. « Au début, dit-elle, c’était la lune de miel. J’étais la nouveauté, la saveur du mois, la blonde cool de papa qui était toujours disponible pour faire des activités. » Puis, les petits conflits nécessitan­t des ajustement­s de part et d’autre sont apparus. Ils éclataient souvent à l’heure des repas, préparés par Suzie, alors que Bastien était à l’étable pour les trains. « Quand leur père n’était pas là, c’était plus facile de ne pas écouter la méchante belle-mère », précise Suzie en riant.

Activités et défis

Bastien a la garde partagée de ses deux filles une semaine sur deux, ce qui implique une adaptation de tous. Pendant la semaine où ils sont en famille, ils essaient de profiter au maximum du temps ensemble pour faire des sorties ou des activités sportives entre les deux trains. « C’est notre réalité; j’ai appris à m’y adapter », ajoute Suzie.

D’autres défis sont apparus lorsque les filles ont vieilli. « Bastien et moi avons chacun nos valeurs et notre vision de la vie. Être une belle-mère signifie que je peux exprimer mon opinion, mais que le dernier mot ne m’appartient pas », ditelle en faisant une pause. Un silence marque la réflexion de la jeune femme. « Je les aime tellement ces deux-là… J’essaie tout de même de leur transmettr­e mes valeurs, de leur faire profiter de mon expérience de vie comme si c’était mes enfants. » Bien sûr, elle réalise chaque jour qu’elle n’est pas leur mère et qu’elle doit construire sa propre place dans la vie des filles. « On redéfinit notre conception de la famille. C’est le cadeau qu’on s’est fait dès le début de cette aventure », souligne Suzie avec fierté.

Être parent ou beau-parent n’est pas chose facile. Voir les adolescent­es devenir progressiv­ement des adultes est une grande étape. « Faire partie de leur vie est un énorme privilège. Bien sûr, tout n’est pas rose, mais c’est tellement enrichissa­nt pour moi », constate-t-elle. Suzie apprend que le travail d’équipe est la clé du bonheur, en couple comme en famille. En outre, pour vivre dans l’harmonie, chacun se doit d’être honnête, de se respecter et de laisser l’autre avoir des opinions différente­s des siennes. Évidemment, ils ne sont pas d’accord sur tout et ne comprennen­t pas toujours les enjeux en cause. Par contre, ils choisissen­t d’écouter l’autre et de l’accepter comme il est.

Suzie conclut : « Je ne suis peut-être pas la mère des enfants, mais je sais que je suis une personne significat­ive dans la vie des filles de Bastien. » Tout n’est pas parfait, mais ensemble, ils se créent une vie différente de celle des autres familles.

« Être une belle-mère signifie que je peux exprimer mon opinion, mais que le dernier mot ne m’appartient pas. »

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