Plus de faillites au Québec qu’ailleurs au pays
Plus de 40 % des faillites agricoles au Canada touchent le Québec. En chiffres absolus, néanmoins, elles sont rares. Mais les démantèlements de fermes pour éviter la faillite alourdissent le bilan des difficultés entrepreneuriales.
Même si plus de 40 % des faillites agricoles canadiennes sont enregistrées ici depuis cinq ans, elles demeurent une rareté dans le paysage québécois. Les problèmes financiers de certains producteurs de la province poussent toutefois certains d’entre eux à démanteler la ferme plutôt que de déclarer officiellement faillite.
En 2016, 11 exploitations sur 29 000 ont déclaré faillite au Québec, selon le plus récent Recueil de données d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC). Si ce nombre place le Québec en tête de liste au pays avec 40 % des faillites agricoles canadiennes, la proportion reste minime, selon le vice-président à l’agriculture et à l’agroalimentaire de la Banque Nationale, Patrick Lemelin.
« Comme les nombres sont très faibles par province, le pourcentage varie fortement. Il a varié de 30 à
56 % au cours des cinq dernières années pour le Québec. Quatre ou cinq faillites de plus ou de moins dans une province font varier le tout énormément », explique-t-il.
La mauvaise gestion, les problèmes de liquidité ou l’effet domino généré par la faillite d’un gros client constituent autant de facteurs pouvant mener à la faillite, souligne Stéphane Gauvin, associé et syndic autorisé en insolvabilité chez Raymond Chabot. « Il y a des éléments qui viennent rejoindre tout ce qu’on peut retrouver dans n’importe quelle entreprise, comme la gestion de la main-d’oeuvre à cause de la pénurie, mais il y a aussi des éléments imprévisibles comme la météo et les maladies », affirme-t-il. Pour l’économiste en chef adjoint de Desjardins, Mathieu D’Anjou, le danger provient aussi des tensions internationales qui ont un impact sur les exportations des produits agricoles de la province.
Démantèlement
Les faillites agricoles sont relativement rares, mais leur nombre pourrait être plus élevé. Plusieurs intervenants ont expliqué à La Terre que la valeur du quota et du fonds de terre dépasse souvent celle des dettes d’une exploitation.
La majorité des producteurs qui sont dans l’impossibilité de payer leurs fournisseurs décident de démanteler la ferme avant de déclarer officiellement faillite. « Et ça n’entre pas dans la statistique faillite », mentionne le porte-parole de l’Union des producteurs agricoles, Patrice Juneau.
Le dernier recensement a fait état d’une diminution de 518 fermes dans le paysage agricole québécois entre 2011 et 2016, alors que 78 exploitations ont déclaré faillite durant la même période.