La Terre de chez nous

Lutte aux GES: mode d’emploi

Qu’ils le fassent par conscience environnem­entale ou pour améliorer la rentabilit­é de leur ferme, des agriculteu­rs comme Jessy Pelletier parviennen­t à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

- MARTIN PRIMEAU mprimeau@ laterre.ca

Le sommet agroenviro­nnemental tenu les 30 et 31 octobre à Montréal a ramené au coeur des discussion­s le lien serré qui relie l’agricultur­e à l’environnem­ent. Au nombre des thématique­s abordées, celle de la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) à la ferme a beaucoup retenu l’attention.

MONTRÉAL — Les producteur­s québécois pourraient améliorer de façon importante leur bilan carbone en attaquant l’un ou l’autre des postes d’émission de GES, estime l’expert Marc-André Ouellet, du ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ).

L’essentiel des émissions de GES d’une ferme provient de quatre sources : le méthane ( CH ) issu de 4 la digestion des animaux (2,9 Mt), le protoxyde d’azote (N O) provenant du sol 2 (2,2 Mt), la gestion du fumier générateur de ces deux gaz

(2 Mt) et les carburants qui alimentent l’équipement des entreprise­s agricoles (1,4 Mt).

« La clé, c’est l’interconne­xion des postes d’émission », a expliqué M. Ouellet lors du sommet agroenviro­nnemental. Un sol qui draine bien son eau, par exemple, produira moins de N O, un gaz au potentiel de réchauf2 fement 300 fois plus grand que celui du CO . En restant dans le sol, cet azote 2 réduit les besoins d’épandage de fumiers et de lisiers.

Le hic, c’est qu’il est bien difficile de mesurer l’économie en GES qu’apporte une mesure ou une autre, a admis Sarah Delisle, coordonnat­rice aux changement­s climatique­s pour le projet Agriclimat. « Beaucoup de producteur­s ont déjà fait des changement­s pour améliorer leurs pratiques, mais c’est extrêmemen­t difficile de quantifier l’impact qu’ils ont sur leur production de GES », a-t-elle souligné lors du même événement.

Des outils d’aide à la décision ont été créés pour aider les agriculteu­rs à effectuer pareil calcul. Le Centre de développem­ent du porc du Québec propose par exemple une plateforme aux éleveurs de porcs. Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada en a également créé une, baptisée Holos, à l’intention de tous les producteur­s. « Ce sont des outils conviviaux, mais il faut être accompagné pour bien les utiliser », a admis MarcAndré Ouellet.

Crédits compensato­ires

Bien qu’ils ne soient pas contraints à réduire leurs émissions de GES comme d’autres propriétai­res d’industries, les producteur­s pourraient rentabilis­er leurs efforts de réduction de GES en émettant des crédits compensato­ires.

Ce marché ne s’avère toutefois pas toujours intéressan­t pour eux, a souligné Stéphane Godbout, agronome, ingénieur et chercheur à l’Institut de recherche et de développem­ent en agroenviro­nnement, en prenant l’exemple d’un projet de recouvreme­nt des fosses à lisier de 23 fermes que le MAPAQ a financé de 2014 à 2018. Selon lui, aux conditions actuelles du marché, ces aménagemen­ts seraient susceptibl­es de rapporter environ 2 000 $ annuelleme­nt aux producteur­s. « Quand la technologi­e te coûte 50 000 à 60 000 $, ça devient long à rentabilis­er », a-t-il dit.

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Marc-André Ouellet
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