Le havre de Denis Bernard
NOTRE-DAME-DU-PORTAGE — « Ça fera bientôt 30 ans que j’ai acheté cette maison », lance le comédien Denis Bernard, un brin nostalgique, à la veille de devoir la fermer pour l’hiver. Même en période de tournages estivaux, il trouve toujours le temps de venir au Bas-Saint-Laurent y passer plusieurs semaines, quitte à devoir faire un aller-retour à Montréal dans la même journée.
Située à Notre-Dame-du-Portage, à un jet de pierre de Rivièredu-Loup, cette maison centenaire a conservé son lustre d’antan avec ses murs de planches et ses fenêtres à carreaux. Du salon, la vue sur le fleuve est magnifique.
Pour Denis Bernard, la vie à la campagne est bien différente de celle qui rythme son quotidien à la ville. Il travaille sur son vaste terrain, coupe les branches de ses arbres et fait la sieste et quelques longueurs à la piscine municipale en après-midi. Bref, c’est un peu comme si le temps tournait au ralenti. « Ici, on apprend à vivre au rythme de la terre », souligne-t-il.
Québec-Montréal
Montréalais depuis la fin des années 1980, l’homme de théâtre apprécie la tranquillité de son village où ne se trouve à peu près aucun commerce. Natif de Lac-Etchemin, dans ChaudièreAppalaches, Denis Bernard a étudié au Collège de Lévis avant d’être admis au Conservatoire de Québec et d’amorcer ensuite la carrière qu’on lui connaît. Il a travaillé et habité sept ans à Québec avant de déménager à Montréal en 1987.
Son métier de comédien et de metteur en scène l’amène souvent à travailler l’été. Sa résidence de Notre-Dame-du-Portage devient un véritable espace de créativité. « J’y ai conçu plusieurs mises en scène et c’était mon lieu de travail quand je dirigeais le théâtre La Licorne », raconte Denis Bernard. Grâce à la technologie, il organisait des rencontres de production sur Skype, comme quoi on peut vivre de son art même en région.
Cette créativité s’exprime aussi par sa capacité à effectuer des réparations à l’aide de ses propres mains à partir de ce qu’il a déjà, sans devoir effectuer des achats dans un commerce.
Par hasard
Comment Denis Bernard en est-il venu à s’installer dans ce coin de pays? « Je venais déjà dans la région depuis quelques années visiter mes beaux-parents de l’époque quand on a découvert un peu par hasard cette maison qui appartenait à la famille Bruce », se souvient le comédien.
« La première fois où j’ai vu cette maison, je me suis dit : “C’est ici que je vais mourir.” »
Peu de temps après, il a vécu une séparation et fondé une deuxième famille. Pendant 20 ans, les deux familles reconstituées se sont partagé la maison l’été, allant même jusqu’à s’y retrouver ensemble en dehors de leurs zones d’intimité respectives, sans que cela pose problème.
Encore aujourd’hui, cette véritable résidence de villégiature est l’endroit où les Bernard accueillent la visite avec bonheur. « Juste cet été, on a reçu une cinquantaine de personnes, évalue-t-il rapidement. Tout le monde y trouve sa place. »
Denis Bernard est tellement convaincu d’être sur son X, pour reprendre une expression populaire, qu’il a même acheté son lot dans le cimetière de l’endroit.