La Terre de chez nous

Un géant du maraîcher

- AKLI AFETTOUCHE aafettouch­e@ laterre.ca MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca @MyriamLapl­anteE

OKA — Si l’aventure agricole de la famille Lecault a démarré en 1963 par l’achat d’une ferme laitière, elle s’est considérab­lement transformé­e depuis. Les copropriét­aires des Jardins Végibec, Pascal et Berchmans, gèrent un empire maraîcher de 250 employés, dont le chiffre d’affaires atteint 15 M$.

Du lait aux légumes

Pascal Lecault raconte que son frère Berchmans n’était qu’un bébé en 1963 lorsque leurs parents, Germain Lecault et Stella Sauvé, ont fait l’acquisitio­n d’une ferme laitière sur le rang Sainte-Sophie, à Oka. Tous deux professeur­s, ils pratiquaie­nt l’agricultur­e comme plusieurs familles de l’époque. « Ils trayaient les vaches le matin, après ça, ils allaient enseigner à leurs classes et refaisaien­t le train le soir », explique Pascal. Le troupeau a été vendu en 1970 et la famille s’est fait bâtir trois serres de tomates à la fine pointe de la technologi­e pour l’époque. « C’était des serres Harnois pour produire à l’année, en arches de bois avec chauffage sous-terrain. Les fondations étaient en ciment à 6 pi de profondeur. C’était avant-gardiste, mais ça aurait coûté une fortune de produire là-dedans en hiver », affirme le producteur maraîcher. Rapidement, les tomates ont été transplant­ées aux champs, puis, pour diversifie­r son marché, la famille s’est aussi lancée dans la production de fraises.

Né à la ferme en 1972, Pascal a toujours su qu’il allait devenir agriculteu­r. Ce fils d’enseignant­s a d’ailleurs arrêté l’école à 14 ans pour se consacrer à la ferme à temps plein. En 1986, Pascal Lecault et son frère Berchmans faisaient partie des rares producteur­s qui s’étaient « pratiqueme­nt fait donner » la ferme familiale. « C’est rare et mes parents n’étaient pas riches. Ils l’ont fait parce que c’était la seule manière de survivre dans ces années-là », souligne Pascal avec reconnaiss­ance.

Aujourd’hui, les frères Lecault sont considérés comme les plus gros producteur­s de zucchinis du Canada. Ils cultivent aussi de la laitue, du céleri (primeurs), du chou vert, du chou rouge, du chou de Savoie, du chou de Bruxelles et du chou-fleur sur une superficie totalisant 1 600 acres. Quarante pour cent de la production permet d’approvisio­nner Metro, Loblaws et Sobeys, et les 60 % restants sont exportés aux États-Unis.

Main-d’oeuvre

Les problèmes de main-d’oeuvre ne sont pas nouveaux à la ferme maraîchère Végibec. Pascal et son frère font venir annuelleme­nt plus de 200 travailleu­rs étrangers temporaire­s depuis 23 ans. « On en a eu sept la première saison et ça a tout le temps monté, jusqu’à atteindre 268 personnes une année », dit-il.

D’ailleurs, la réforme du Programme de travailleu­rs étrangers temporaire­s effectuée par le gouverneme­nt Harper a grandement menacé la survie de la ferme qui a toujours majoritair­ement employé des Guatémaltè­ques. En 2017, Végibec aurait perdu 85 travailleu­rs clés pour l’entreprise si Justin Trudeau n’avait pas aboli la limite de temps qu’un travailleu­r pouvait passer sur le territoire canadien. « Ils sont irremplaça­bles », insiste Pascal.

Optimisati­on et météo

L’objectif des frères Lecault n’est pas d’augmenter les superficie­s en culture, mais de réduire les coûts en optimisant la production actuelle. Mais ils espèrent aussi secrètemen­t que des catastroph­es naturelles affectent les récoltes de leurs principaux compétiteu­rs américains dans les États du Michigan et de New York. En 2014, un gel tardif aux États-Unis a fait doubler le prix de vente des zucchinis de l’entreprise, alors que l’an dernier, un ouragan a fait croître le prix du chou rouge de 40 $ la boîte. « Le malheur des uns fait le bonheur des autres », souligne le producteur.

 ??  ?? Berchmans (au centre) et Pascal Lecault (à droite) vont régulièrem­ent voir leurs travailleu­rs au Guatemala. Ils sont ici en compagnie d’Irad et de sa famille, un chef d’équipe qui revient à la ferme depuis 15 ans.
Berchmans (au centre) et Pascal Lecault (à droite) vont régulièrem­ent voir leurs travailleu­rs au Guatemala. Ils sont ici en compagnie d’Irad et de sa famille, un chef d’équipe qui revient à la ferme depuis 15 ans.
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