La Terre de chez nous

Ruée vers l’ail noir

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

SAGUENAY— François Thibeault a remis en culture la terre en friche de son grand-père et récolte cette année plus de deux tonnes d’ail, dont une bonne partie est transformé­e en ail noir.

« Pourquoi l’ail noir? Parce que je voulais me différenci­er dans ma commercial­isation. Ça donne une plus-value pécuniaire et gustative. L’ail noir a un goût balsamique légèrement sucré que la plupart des gens ne connaissen­t pas. La réponse est vraiment bonne : des restos de la région ont mis mon ail sur leur carte et les IGA du secteur en vendent », affirme avec satisfacti­on l’agriculteu­r, qui envisage désormais de vendre ses produits à l’extérieur du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Retour aux sources

C’est après avoir vendu ses parts dans une usine de soudure en 2016 que François Thibeault a proposé à son père de se remettre à l’agricultur­e. « De la ferme du grand-père, il ne restait pas grand-chose à part une charrue deux rangs, une herse et des lots où les arbres commençaie­nt à repousser. On a labouré ça et planté 2 000 cayeux. À l’automne 2018, on en a replanté 55 000, sauf que quand tu perds le contrôle, c’est dur de le reprendre », décrit-il, en faisant référence aux problèmes de mauvaises herbes qui lui ont donné beaucoup de souci jusqu’à présent. Cette situation ne l’a pas découragé pour autant. «On parle d’ouvrir plus grand de terre. En plus de mon père, mes tantes et mes oncles viennent m’aider. C’est le fun, c’est rassembleu­r; leur fibre d’agriculteu­r renaît », mentionne M. Thibeault, dont la terre familiale est située à Saint-Félixd’Otis, au Saguenay.

Rien de facile

Le propriétai­re de la ferme Ail du moulin affirme avoir sous-estimé l’ampleur de son projet agricole, les travaux au champ et la préparatio­n de l’ail noir. Il faut dire que l’ail blanc doit passer plus d’un mois dans l’étuveuse avant d’afficher sa couleur noire et son goût particulie­r. L’apprentiss­age de cette technique ne se faitpassan­spertes,commeentém­oignent quelques lots jetés aux ordures. « Cultiver de l’ail, c’est compliqué. Faire de l’ail noir, c’est deux coches au-dessus! Si on avait su tout ce que ça représenta­it en temps, en efforts et en insécurité, on ne l’aurait pas fait. C’est fou à quel point un investisse­ment de 25 000 à 30 000 $ est insuffisan­t pour réaliser un tel projet », estime M. Thibeault. Il poursuit du même souffle : « Quand les gens et les chefs te disent que ton produit est bon, ça te donne un coup de pied pour continuer!»

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L’ail noir de François Thibeault est populaire dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. La promotion effectuée par l’organisme Zone boréale n’y est pas étrangère.

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