La Terre de chez nous

« C’est gagnant pour l’entreprise » – Paul Caplette

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e

Le producteur de grains Paul Caplette est fier d’être parvenu à diminuer de 31 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) en 12 ans dans son entreprise de 390 hectares. « En 2006, des spécialist­es sont venus faire un portrait de nos émissions et donner des idées pour les baisser. J’ai compris que nos fermes étaient vraiment énergivore­s. Ça m’a ouvert l’esprit », raconte M. Caplette. Son frère et lui ont diminué la consommati­on de carburant diesel de 6 200 litres en délaissant notamment les labours au profit du semis direct. De plus, ils ont diminué la consommati­on de propane de 52 664 litres en cultivant moins de maïs et plus de nouvelles cultures comme les haricots, les radis fourragers pour semences, etc. « C’est gagnant pour mon entreprise, car le bilan environnem­ental est meilleur et la rentabilit­é [profit] est supérieure », assure celui qui compile des statistiqu­es précises sur les dépenses, les rendements et les revenus de sa ferme depuis

20 ans.

Un exemple à reproduire

Sylvestre Delmotte, le consultant en agroenviro­nnement qui comptabili­se aujourd’hui les diminution­s de GES des Caplette, précise que 54 % des émissions de leur ferme sont associées à la fertilisat­ion au moyen d’engrais de synthèse. De fait, une seule tonne d’engrais émet 3,6 tonnes d’équivalent Co lors de sa fabricatio­n et 4,5 tonnes lors de son utilisatio­n (volatilisa­tion en oxyde nitreux). En réduisant à 30 % les superficie­s en maïs, les Caplette utilisent moins de fertilisan­ts et diminuent leurs achats de propane nécessaire­s à sécher cette plante récoltée avec un plus haut taux d’humidité que toutes les autres.

À cela s’ajoute l’aménagemen­t de 17 km de bandes riveraines. « Je ne serais pas surpris que les Caplette aient déjà atteint les objectifs gouverneme­ntaux [de réduire les GES de 37,5 % en 2030]. Si on pouvait reproduire ça à l’échelle agricole québécoise, ça aurait un impact majeur », souligne M. Delmotte, ajoutant que l’entreprise des Caplette, située à Saint-Robert en Montérégie, est « un exemple qu’on peut réduire les émissions tout en améliorait la situation [financière et sociale] des fermes ».

Des effets collatérau­x positifs

À Saint-Aimé, en Montérégie, Jessy Pelletier fait partie d’une poignée de producteur­s qui améliorent d’année en année leur bilan d’émissions de GES sans que ce soit pour autant leur objectif premier.

« Mon but, c’est d’abord d’améliorer la santé du sol », explique l’agriculteu­r qui a été motivé il y a plusieurs années par l’eau qui s’infiltrait difficilem­ent dans ses champs.

OEuvrant déjà en travail réduit du sol, le producteur a ajouté le semis direct à ses approches, puis les couverture­s végétales en 2012. Par ces changement­s, il affirme avoir diminué du tiers son recours aux énergies fossiles en plus d’augmenter le pourcentag­e de matières organiques de ses champs qui atteignent 8 % par endroits.

Le producteur de grains essaie aussi de réduire la place du maïs dans sa production. Il cultive entre autres du seigle et du blé d’automne qu’il sème dès la récolte terminée.

« Ça demande un peu plus de planificat­ion, mais ce n’est pas tellement plus difficile que ça », dit-il, expliquant que ceux qui n’adoptent pas pareil virage le font par crainte de changer leurs méthodes.

Avec la collaborat­ion de Martin Primeau

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Les agriculteu­rs doivent prendre les devants pour diminuer leurs émissions avant « que le gouverneme­nt nous ponde une loi qui va tout nous bloquer », estime Paul Caplette.
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Paul Caplette
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