La Terre de chez nous

Pas d’agence de vente pour le secteur laitier caprin

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca @MyriamLapl­anteE

DRUMMONDVI­LLE — La récente annonce de la fermeture de l’usine de transforma­tion de lait de chèvre d’Agropur à Saint-Damase a porté un dur coup aux éleveurs caprins. Ceux-ci entendent désormais se concentrer à maintenir la production québécoise de lait de chèvre et se voient contraints d’abandonner leur projet d’agence de vente.

« On n’est plus dans un mode de démarrage d’entreprise­s pour pallier la pénurie de lait dans le futur. On est plus en consolidat­ion de ce qu’on a déjà pour passer à travers la crise encore une fois », a indiqué le président des Producteur­s de lait de chèvre du Québec, Christian Dubé, devant les éleveurs réunis pour une séance d’informatio­n à Drummondvi­lle, le 29 octobre.

Production en baisse

D’une soixantain­e en 2017, il ne reste plus que 44 producteur­s encore actifs au Québec. Dans les dix derniers mois seulement, neuf éleveurs ont quitté la production. C’est l’insécurité provoquée par la réticence des acheteurs à s’engager depuis les deux dernières années qui est en cause, selon Christian Dubé. Cela a conduit à une réduction des volumes de lait produits d’environ 25 % en 2019 pour totaliser 7,3 millions de litres.

Les acheteurs ont renouvelé les contrats à hauteur de 7 millions de litres de lait pour 2020. « C’est quand même relativeme­nt équilibré présenteme­nt, entre ce qu’on a comme commandes et le lait qui a été livré en réalité dans la dernière année », a dit M. Dubé. Rappelons par ailleurs que le prix du lait négocié connaît une baisse de 5 % par rapport à 2018.

Dans ce contexte, le nombre de producteur­s et les volumes produits sont trop faibles pour soutenir la mise en place d’une agence de vente. Le projet est abandonné après deux années de travail préparatoi­re.

Nouvelle convention

La prochaine mouture de la convention de mise en marché du lait de chèvre est sur la table, mais les négociatio­ns avec les acheteurs ne sont pas simples. Christian Dubé a expliqué que ces derniers ne négociaien­t plus avec des propriétai­res d’entreprise­s, mais avec des patrons de multinatio­nales. « Ça fait trois fois qu’on propose des textes aux acheteurs. On pense qu’on s’est entendus et à la dernière minute les procureurs [les modifient] », souligne-t-il.

La relation d’affaires est toujours fragile, même si les efforts pour améliorer la qualité du lait sont remarqués. Les acheteurs réclament, par exemple, de pouvoir rejeter le lait d’un producteur au premier dépassemen­t de seuil de conformité, et ce, sans lui donner d’avertissem­ent au préalable, explique la vice-présidente Sylvie Girard. « En tenant notre bout, eux tiennent le leur. Ça fait que personne n’avance », déplore-t-elle.

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En 2019, les producteur­s ont livré 7,3 millions de litres de lait de chèvre aux acheteurs. Il en faudrait 10 pour que leur fédération soit viable.
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