Neige blanche, misère noire
Rendements en baisse, tiges cassées au sol, grains humides et coûteux à sécher… Les producteurs de maïs croyaient avoir tout vu cette année, qui s’annonce très ordinaire. Mais voilà que les précipitations de neige ont complexifié encore davantage la situation.
« C’est la misère noire », résume Sylvain Raynault, de Lanaudière, qui se demande quand et dans quelles conditions il pourra récolter ses 300 ha de maïs toujours au champ. Le peu qu’il a déjà engrangé lui laisse croire que ses rendements seront moindres de 20 % cette année. « L’autre problème, c’est l’humidité. J’ai récolté du maïs à 34 % [en teneur d’eau]. On est pris pour le sécher quand il fait froid. Ça consomme plus de propane et les projecteurs de propane gèlent. Par chance, notre centre de grains est de dernière technologie. Je n’ose imaginer les problèmes si on avait des vieilles vis ou des courroies qui glissent », commente le producteur sous régie biologique. M. Raynault se console en ayant réussi à récolter le soya tout juste avant la neige, avec un rendement près de sa moyenne. Finalement, le blé constitue sa meilleure récolte avec près de
5 tonnes à l’hectare.
Au Centre-du-Québec, le producteur de grain Anton Buehlmann mentionne que les moissonneuses de sa région n’ont pas encore récolté de maïs, ou presque. « On s’est dépêchés à ramasser les champs les plus couchés. On battait et il y avait de la glace dans le grain; je n’avais jamais vu ça. On se demandait si c’était pour bloquer lors du séchage, mais ça passait. Maintenant on attend, mais ça ne regarde pas bien [pour la température]. Au moins, le taux d’humidité baisse un peu », décrit-il, faisant référence à une teneur en eau qui était de 35 % lors de sa première récolte et qui atteignait 26 à 27 % lorsque La Terre lui a parlé, le 12 novembre.
Près de Saint-Hyacinthe, en Montérégie, la récolte est presque terminée chez François Bousquet. « Ça fait trois semaines qu’on est là-dessus. On se doutait que le mauvais temps s’en venait, alors on a pris la décision de récolter le maïs même à 35 % d’humidité », dit-il. Le rendement moyen du grain est plus faible que la normale et très variable selon les champs; entre 9 et 13 t/ha. La qualité aussi oscille, allant du grade 2 au grade 4. Constat semblable pour le soya, légèrement sous les moyennes et très variable, passant de 2,5 t/ha à 4,5 t ha.
« Le problème, c’est l’humidité. J’ai récolté du maïs à 34% en teneur d’eau.»