La Terre de chez nous

Le MAPAQ écorché

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca @MyriamLapl­anteE

Dans un rapport sur la gouvernanc­e du Québec, la vérificatr­ice générale, Guylaine Leclerc, a notamment pointé du doigt la semaine dernière l’inaction du ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec (MAPAQ) sur la lutte à l’antibiorés­istance chez les animaux destinés à l’alimentati­on humaine. Voici ce qui ressort de son rapport sur le sujet.

Les 7 constats

L’inexistenc­e d’une stratégie au MAPAQ pour assurer un usage judicieux des antibiotiq­ues en production animale;

Le manque de données sur les quantités d’antibiotiq­ues utilisées ne permet pas au MAPAQ d’informer les agriculteu­rs pour qu’ils améliorent leurs pratiques;

Le MAPAQ tarde à proposer des règlements pour interdire ou restreindr­e les usages des antibiotiq­ues reconnus comme non appropriés; Aucun programme d’inspection n’a été mis en place pour surveiller l’applicatio­n de la réglementa­tion interdisan­t l’utilisatio­n des antibiotiq­ues de catégorie 1 à des fins préventive­s. Le MAPAQ effectue peu de contrôles pour s’assurer que les producteur­s n’administre­nt pas un médicament à un animal sans détenir une ordonnance;

Le ministère tarde à mettre en oeuvre le programme permettant aux intervenan­ts du milieu agricole (incluant les agriculteu­rs) d’avoir accès aux sommes disponible­s pour soutenir la lutte à l’antibiorés­istance; Le MAPAQ n’exerce pas de contrôle efficace auprès des exploitant­s de meuneries et des producteur­s d’animaux d’élevage;

Le respect des concentrat­ions de résidus d’antibiotiq­ues permises dans les aliments n’est pas rigoureuse­ment surveillé par le MAPAQ.

Manque de leadership

Le ministre de l’Agricultur­e, André Lamontagne, reconnaît le manque de leadership de son ministère dans ce dossier, mais indique qu’une importante étude sur l’utilisatio­n des antibiotiq­ues en santé animale est en cours. Il faudra cependant patienter jusqu’en 2021 pour en connaître les résultats.

Il n’existe actuelleme­nt aucun système centralisé de collecte de données sur l’usage des antibiotiq­ues multiespèc­e au Québec et l’informatio­n est difficile à amasser, selon la présidente de l’Ordre des médecins vétérinair­es du Québec (OMVQ), Caroline Kilsdonk, pour expliquer l’échéancier tardif de 2021.

En 2018, la Faculté de médecine vétérinair­e

(FMV) de l’Université de Montréal et l’OMVQ ont été mandatés par le MAPAQ pour évaluer la faisabilit­é d’un tel système.

« Nous réaliseron­s en 2020 plusieurs projets de démonstrat­ion pour résoudre des enjeux techniques, la standardis­ation de l’entrée de données par exemple, la compatibil­ité entre les logiciels existants, le consenteme­nt au partage de données, la gouvernanc­e d’un tel système, etc., et pour en estimer le coût », soutient la coordonnat­rice du projet à la FMV, Cécile Ferrouille­t.

Actions à venir

Le cabinet du ministre soutient pour sa part que les données amassées par l’étude permettron­t d’orienter les actions du MAPAQ en matière de lutte à l’antibiorés­istance, de fixer des cibles de réduction et d’évaluer l’efficacité des mesures mises en place. En attendant, André Lamontagne s’engage à respecter les sept recommanda­tions contenues dans le rapport.

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Il y a notamment un manque de données sur les quantités d’antibiotiq­ues utilisés en agricultur­e.
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La vérificatr­ice générale, Guylaine Leclerc.
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