La Terre de chez nous

Les producteur­s de grains ont besoin d’une aide urgente

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Les producteur­s de grains québécois ont connu une année très difficile et la situation est loin de s’améliorer. Tout a commencé par un printemps pluvieux et froid, suivi en juin de la suspension des achats de canola canadien par la Chine, dans la foulée du conflit commercial entre les États-Unis et ce pays.

Ce conflit a affecté le marché mondial des grains. Les États-Unis ont accordé une aide spéciale de 37 G$ CA à leurs producteur­s pour les soutenir dans cette crise. Du côté du Canada, presque rien, alors que nous sommes pourtant dans le même marché. À cela, il faut ajouter que les producteur­s américains ont accès à des programmes de base beaucoup plus généreux que ceux offerts ici.

Arrive maintenant l’hiver hâtif et son impact désastreux sur la récolte 2019, qui complique encore plus la situation. Globalemen­t, 74 % des superficie­s de maïs sont enneigées et n’ont pas encore été récoltées. Les grands vents du 1er novembre ont endommagé les plants, ce qui ralentit énormément les travaux. On estime que plusieurs secteurs ont encore 10 % des superficie­s de soya ensevelies sous la neige, sans avoir été récoltées. Cette situation touche des milliers de producteur­s à la grandeur du Québec.

Comme le mentionnai­t le président des Producteur­s de grains du Québec (PGQ) Christian Overbeek, « après des récoltes de céréales et de canola excessivem­ent difficiles, c’est maintenant au tour des producteur­s de maïs et de soya de se retrouver dans le pétrin. Des pertes importante­s sont observées sur les superficie­s déjà récoltées, et d’autres s’ajouteront pour les superficie­s non récoltées. Une réelle détresse commence à se faire sentir sur le terrain ».

En plus d’un rendement moindre, on observe aussi une baisse importante de la qualité des grains ainsi qu’une augmentati­on des coûts de récolte (ralentisse­ment des batteuses, bris d’équipement, long séchage, etc.). Rappelons que la valeur de la production annuelle de maïs au Québec est d’environ 675 M$. Elle est de quelque 500 M$ pour le soya. L’enjeu économique est énorme, d’où la demande des PGQ pour une rencontre d’urgence avec le gouverneme­nt du Québec afin de déterminer des solutions.

Et comme un malheur ne vient jamais seul, depuis la semaine dernière, les fournisseu­rs ne livrent plus de propane aux exploitati­ons agricoles en raison de la grève des opérateurs de trains du Canadien National. Or, le propane est le principal combustibl­e utilisé dans le processus de séchage et les besoins sont deux fois supérieurs à la normale cette année. Cette pénurie survient donc à un moment particuliè­rement critique pour les producteur­s, aux prises avec l’une des récoltes les plus humides depuis des décennies. Le maïs récolté nécessite un temps de séchage plus long pour être entreposé en toute sécurité. Certains bâtiments d’élevage, comme les porcheries et les poulailler­s, demandent aussi un apport en propane important. Le secteur maraîcher est également affecté. La situation va vite devenir dramatique si elle perdure.

Les producteur­s de grains sont dans un cul-de-sac. Ils ne peuvent ni sécher le grain ni le récolter. Tout est arrêté et à ce temps-ci de l’année, les jours sont comptés. Devant l’urgence de la situation, les PGQ ont transmis une lettre au premier ministre du Canada ainsi qu’aux ministres fédéraux et provinciau­x concernés leur demandant de tout mettre en oeuvre pour remédier à la situation. Le gouverneme­nt du Québec suit la situation de très près.

Des mesures extraordin­aires seront requises pour accompagne­r les producteur­s de grains cette année. La Financière agricole du Québec et le ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec doivent agir rapidement devant cette situation critique.

Rectificat­if : Dans l’éditorial de la semaine dernière, la phrase « Nous sommes particuliè­rement fiers d’annoncer cette semaine la contributi­on de l’Union et de ses affiliés au PRS, soit 155 000 $ sur cinq ans » aurait dû se lire : « Nous sommes particuliè­rement fiers d’annoncer cette semaine la contributi­on de l’Union et de ses affiliés au PRS, soit 166 000 $ sur cinq ans. »

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