La fierté d’être Beauceron
SAINT-BENJAMIN — Même s’il a quitté son petit village de Saint-Benjamin depuis de nombreuses années, deux valeurs beauceronnes animent toujours le journaliste politique et romancier Daniel Lessard : l’indépendance et la fierté.
« Cette autonomie a permis aux Beaucerons de développer une économie prospère, sans attendre après les autres pour faire ce qu’ils ont à faire. Aussi, ils sont fiers des gens qui leur font honneur », dit-il.
Daniel Lessard est né en 1947. En 1968, à 21 ans, il quitte sa région après son cours classique au Séminaire de Saint-Georges de Beauce pour faire de la radio à Montmagny, puis à CKAC et à Radio-Canada.
Même si sa carrière le conduit à Montréal et à Ottawa, il retourne toujours trois ou quatre fois par année dans le village où son frère cadet, Guy, diplômé en agronomie, a repris la ferme familiale. Chez les six gars et deux filles que comptait la fratrie, aucun n’avait vraiment manifesté jusque-là le désir de prendre la relève. Guy a modernisé la ferme, s’est départi des autres animaux pour ne conserver que le troupeau laitier.
Les années à la ferme
De son côté, Daniel Lessard n’a jamais eu la vocation agricole. Il garde toutefois un excellent souvenir de ses jeunes années à la ferme. « Nous avions une vingtaine de vaches, des cochons, des moutons et des poules. On faisait aussi du sirop d’érable. C’était beaucoup de travail », raconte le journaliste.
À l’époque, les enfants d’agriculteurs commençaient jeunes à participer aux travaux. « Dès l’âge de cinq ou six ans, dit-il, je commençais déjà à traire les vaches. Parfois, on nourrissait les bébés moutons à la bouteille. »Et bien sûr, pour aller à l’école élémentaire, il n’y avait pas encore d’autobus. La vingtaine d’enfants de son rang marchaient un mille pour aller et un autre pour revenir de l’école. En incluant le repas du midi à la maison, cela représentait quatre milles à pied à faire chaque jour de la semaine. « L’hiver, on se lançait des balles de neige », dit-il avec un sourire dans la voix.
« Beaucoup de mes personnages de romans sont inspirés de gens que les lecteurs de ma région reconnaissent. »
Une tradition familiale
« L’an dernier, quand mon frère s’est départi du troupeau et du quota, nous avons fait notre rencontre familiale annuelle pour la dernière fois à la ferme de nos parents », lance le journaliste, un brin nostalgique. Depuis le décès de ces derniers, la famille a gardé la tradition de se réunir une fois par année dans un lieu différent.
Chaque fois que Daniel Lessard retourne dans son coin de pays, il y a des lieux qu’il aime revoir. Parmi ces endroits remplis des odeurs et des images du passé, il y a le cimetière où sont enterrés ses parents, la ferme familiale et le lac à Busque. Il a fait revivre plusieurs d’entre eux dans ses romans.
L’été dernier, le village de Saint-Benjamin a inauguré un circuit touristique, Au pays de Maggie, réunissant certains des lieux qui ont inspiré ses intrigues littéraires.