La Terre de chez nous

Un demi-siècle de recherche sur les bioherbici­des

- SIMON VAN VLIET

Le professeur Alan K. Watson plaide pour un système intégré de gestion des mauvaises herbes. À l’aube de sa retraite et au terme de près de 45 ans comme professeur à la Faculté d’agricultur­e et des sciences de l’environnem­ent de l’Université McGill, le spécialist­e des bioherbici­des demeure à l’avant-garde de la recherche sur les solutions de rechange aux traitement­s chimiques.

« Mes travaux ont toujours visé la réduction de l’usage d’herbicides », explique le fondateur du Groupe de recherche sur les plantes nuisibles, qui a longtemps mené des travaux dans le Sud-est asiatique et en Afrique subsaharie­nne, où les méthodes de contrôle biologique­s sont plus répandues. Traditionn­ellement utilisées par les fermiers de subsistanc­e dans les pays en voie de développem­ent, elles y sont beaucoup plus abordables que les herbicides chimiques.

Au fil de ses recherches, le professeur Watson a documenté diverses approches prometteus­es de contrôle sans agents chimiques, allant de l’usage de bioherbici­des granulaire­s à la biofumigat­ion, en passant par l’utilisatio­n de cultures de protection – soit des plantes couvre-sol qui empêchent les mauvaises herbes nuisibles de s’implanter dans les champs.

Un défi de commercial­isation

Le défi, dit-il, est de commercial­iser des bioherbici­des qui offrent des rendements similaires aux herbicides chimiques couramment utilisés dans le milieu agricole. Le coût d’enregistre­ment des brevets, qui peut dépasser un demi-million de dollars, peut s’avérer prohibitif à lui seul. Chose certaine, avance le chercheur, le contrôle des mauvaises herbes est appelé à se transforme­r radicaleme­nt.

« Nous sommes face à un enjeu majeur avec les herbicides », lance-t-il, faisant écho aux débats concernant l’impact des pesticides sur la santé publique et l’environnem­ent qui ont eu cours devant la Commission de l’agricultur­e, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles cet automne. Historique­ment, l’industrie agricole s’est appuyée « un petit peu trop » sur des herbicides chimiques comme le Roundup, estime le chercheur. Si celle-ci n’est pas prête à abandonner les pratiques traditionn­elles de sitôt, les méthodes de contrôle biologique font, selon lui, partie de la solution à long terme, surtout dans le contexte où certaines mauvaises herbes sont de plus en plus résistante­s aux herbicides et où les changement­s climatique­s risquent de contribuer à la proliférat­ion de nouvelles espèces nuisibles.

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L’étudiant du professeur Watson fait des recherches sur le terrain au Bénin.
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Alan K. Watson

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