On peut sortir la fille de l’agriculture, mais pas l’agriculture de la fille
Fille d’agriculteurs, j’ai été élevée dans ce milieu, une entreprise laitière de 50 vaches Holstein gérée par ma mère et mon père. Toute ma jeunesse, je participais aux différentes tâches à la ferme. C’est devenu un mode de vie, une découverte de la passion que j’avais pour les animaux.
Je me souviens que chaque matin, été comme hiver, j’étais la première sortie de la maison pour me rendre à la ferme afin de faire une tournée de l’étable et voir si tout se passait bien : un nouveau-né s’ébattant sur ses pattes, le calme d’une longue nuit reposante pour les demoiselles ou encore de mauvaises surprises. Bref, les matins pouvaient se ressembler autant que les journées étaient bien différentes.
Plus vieille, je voulais voir autre chose. Alors j’ai décroché un diplôme d’études collégiales en santé animale au Cégep de La Pocatière. Par la suite, j’ai été embauchée dans une clinique pour petits animaux. J’adorais mon travail, mais il y a un matin où l’appel de l’agriculture a retenti. Un producteur avait emmené son chien pour un examen de santé et on a parlé de son entreprise. Après cette rencontre, j’ai réalisé que le monde agricole me manquait. Alors je suis retournée aux études en production animale à l’Institut de technologie agroalimentaire de La Pocatière. À ce moment, je me sentais à ma place. J’ai occupé plusieurs emplois dans différentes fermes et je me suis impliquée dans divers comités. On peut sortir la fille de l’agriculture, mais pas l’agriculture de la fille.
La fierté de côtoyer des producteurs
Aujourd’hui, je suis conseillère en production laitière chez Lactanet. Un emploi qui me remplit de fierté, car je côtoie chaque jour des agriculteurs passionnés et des futures relèves qui le sont tout autant. Cela m’apporte au quotidien une satisfaction de les aider à atteindre leur objectif d’entreprise. Je continue à rester active dans ma région en m’impliquant comme présidente à l’Association de la relève agricole du Bas-Saint-Laurent. Cela m’apporte un lot de défis et me permet de rencontrer beaucoup de monde du milieu.
On ne se le cachera pas, le contexte actuel en agriculture est de plus en plus exigeant pour les producteurs sous toutes ses formes : productivité, efficacité et qualité. On ressent de plus en plus le manque de maind’oeuvre. Il y a énormément de pression sur leurs épaules.
J’ai la chance de discuter avec eux et je pense sincèrement que le secret pour passer à travers, c’est de prendre le temps de s’arrêter et de décrocher. Il y aura toujours des choses à faire, mais il faut gérer les priorités, arrêter de se comparer au voisin ou même aux autres sur les réseaux sociaux. On doit s’entourer de gens de confiance tels que des conseillers en gestion, en alimentation ou en comptabilité, et participer à des formations pour acquérir de nouvelles connaissances et à des activités organisées pour soi, qui permettent de partager le quotidien avec d’autres producteurs qui vivent les mêmes réalités.
Mais avant tout, c’est une passion, un mode de vie et le plus beau métier du monde qui se transmet de génération en génération.
Sur ce, je lève mon verre de lait à tous les agriculteurs et agricultrices!