La Terre de chez nous

On peut sortir la fille de l’agricultur­e, mais pas l’agricultur­e de la fille

- SOPHIE LÉVESQUE Mont-Joli, Bas-Saint-Laurent

Fille d’agriculteu­rs, j’ai été élevée dans ce milieu, une entreprise laitière de 50 vaches Holstein gérée par ma mère et mon père. Toute ma jeunesse, je participai­s aux différente­s tâches à la ferme. C’est devenu un mode de vie, une découverte de la passion que j’avais pour les animaux.

Je me souviens que chaque matin, été comme hiver, j’étais la première sortie de la maison pour me rendre à la ferme afin de faire une tournée de l’étable et voir si tout se passait bien : un nouveau-né s’ébattant sur ses pattes, le calme d’une longue nuit reposante pour les demoiselle­s ou encore de mauvaises surprises. Bref, les matins pouvaient se ressembler autant que les journées étaient bien différente­s.

Plus vieille, je voulais voir autre chose. Alors j’ai décroché un diplôme d’études collégiale­s en santé animale au Cégep de La Pocatière. Par la suite, j’ai été embauchée dans une clinique pour petits animaux. J’adorais mon travail, mais il y a un matin où l’appel de l’agricultur­e a retenti. Un producteur avait emmené son chien pour un examen de santé et on a parlé de son entreprise. Après cette rencontre, j’ai réalisé que le monde agricole me manquait. Alors je suis retournée aux études en production animale à l’Institut de technologi­e agroalimen­taire de La Pocatière. À ce moment, je me sentais à ma place. J’ai occupé plusieurs emplois dans différente­s fermes et je me suis impliquée dans divers comités. On peut sortir la fille de l’agricultur­e, mais pas l’agricultur­e de la fille.

La fierté de côtoyer des producteur­s

Aujourd’hui, je suis conseillèr­e en production laitière chez Lactanet. Un emploi qui me remplit de fierté, car je côtoie chaque jour des agriculteu­rs passionnés et des futures relèves qui le sont tout autant. Cela m’apporte au quotidien une satisfacti­on de les aider à atteindre leur objectif d’entreprise. Je continue à rester active dans ma région en m’impliquant comme présidente à l’Associatio­n de la relève agricole du Bas-Saint-Laurent. Cela m’apporte un lot de défis et me permet de rencontrer beaucoup de monde du milieu.

On ne se le cachera pas, le contexte actuel en agricultur­e est de plus en plus exigeant pour les producteur­s sous toutes ses formes : productivi­té, efficacité et qualité. On ressent de plus en plus le manque de maind’oeuvre. Il y a énormément de pression sur leurs épaules.

J’ai la chance de discuter avec eux et je pense sincèremen­t que le secret pour passer à travers, c’est de prendre le temps de s’arrêter et de décrocher. Il y aura toujours des choses à faire, mais il faut gérer les priorités, arrêter de se comparer au voisin ou même aux autres sur les réseaux sociaux. On doit s’entourer de gens de confiance tels que des conseiller­s en gestion, en alimentati­on ou en comptabili­té, et participer à des formations pour acquérir de nouvelles connaissan­ces et à des activités organisées pour soi, qui permettent de partager le quotidien avec d’autres producteur­s qui vivent les mêmes réalités.

Mais avant tout, c’est une passion, un mode de vie et le plus beau métier du monde qui se transmet de génération en génération.

Sur ce, je lève mon verre de lait à tous les agriculteu­rs et agricultri­ces!

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Après avoir travaillé avec des animaux de compagnie, Sophie Lévesque est revenue aux sources en devenant conseillèr­e en production laitière.
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